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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


C. P. Tiele. Histoire comparée des anciennes religions de l’Égypte et des peuples sémitiques, traduction du hollandais par G. Collins, préface de A. Réville. Paris, G. Fischbacher, 1882, 1 vol.  gr. in-8o, de xvi et 510 pages.

Voilà quelque temps que nous nous proposions de présenter aux lecteurs de la Revue philosophique, le savant et solide ouvrage dont nous venons de transcrire le titre. Nous avons, du même coup, un devoir à acquitter envers la mémoire du traducteur, de notre regretté compatriote et ami M. Collins, qui a succombé à la maladie peu de temps après la publication de l’Histoire comparée et au moment où il se créait de nouveaux titres à la reconnaissance du public scientifique de langue française en faisant paraître dans la Revue de l’histoire des religions la traduction de l’Histoire du Bouddhisme dans l’Inde de M. Kern, de Leyde.

M. Collins indique, dans un court avis, que l’œuvre dont il donne une édition française, a paru pour la première fois en hollandais en l’année 1872, Mais l’auteur a introduit dans son livre les corrections et additions rendues nécessaires par les découvertes et les travaux postérieurs à cette date ; l’œuvre, accomplie sous ses yeux, a donc les caractères d’une édition nouvelle plutôt que d’une simple traduction.

M. Réville a mis en tête du livre une préface claire et ferme. Il y rappelle, en commençant, que l’histoire des religions n’est pas faite, qu’elle se fait ; qu’elle a le caractère d’une vaste enquête, encore bien éloignée du moment de l’achèvement malgré les efforts des savants allemands, hollandais et anglais. Quant à la France, sa contribution à cet ordre d’études a été secondaire, et les travaux qu’elle a produits présentent trop souvent le caractère de généralisations hâtives. L’honorable professeur du Collège de France indique les obstacles que les études d’histoire religieuse ont trouvés chez nous dans le conflit irréconciliable de l’école traditionnelle et de l’école révolutionnaire ; il montre ce double préjugé hostile à l’étude impartiale et objective, faisant place peu à peu à une vue plus sereine et plus philosophique. Ce qu’il dit à cet égard est excellent et mérite d’être reproduit : « …Dans le public sérieux, le seul qui compte, un très grand progrès s’est accompli à cet égard au cours des dernières années. Les doctrines du positivisme