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Schute est un sceptique qui combat en Angleterre les aprioristes comme Hamilton et Mansel, aussi bien que Stuart Mill ; son point de départ est le « simple bon sens » ; son but, c’est de remplacer le savoir par la croyance au merveilleux. Kaftan, qui a appelé sur Schute l’attention de Uphues et lui a fourni une partie de sa conclusion, est l’auteur de l’Essence de la religion chrétienne. Laas analyse et critique ce livre ; il proteste surtout vivement contre l’appel au sens commun en matière de logique et de science et trouve le scepticisme d’autant plus déplacé qu’il s’humilie davantage en présence du merveilleux.

A. V. Leclair. Le caractère catégorial de la pensée, son influence sur les problèmes de la philosophie et particulièrement sur la théorie de la connaissance. — L’auteur examine de ce point de vue les théories de la connaissance qui reposent sur le dualisme, sur le monisme spiritualiste ou matérialiste, sur le criticisme et il propose une doctrine nouvelle qu’il appelle un monisme fondé sur la théorie de la connaissance (erkenntnisstheoretischer Monismus), qu’il croit propre à terminer la querelle qui depuis quatre-vingt-dix ans met aux prises les penseurs.

H. Höffding. L’importance psychologique de la répétition. — Sans la répétition, il n’y a ni conscience, ni pensée : telle est la thèse que l’auteur entreprend de soutenir.

1o La perception est conditionnée par la répétition. — L’expérience nous apprend que les sensations ne sont pas absolument indépendantes les unes des autres ; qu’elles font partie d’une série dans laquelle chaque terme est déterminé par les autres termes ; que toute sensation, en un mot, est une sensation de rapport, et ne constitue pas quelque chose d’absolument nouveau. Mais de plus, la vie suppose un cercle plus ou moins limité de rapports et de conditions qui doivent se reproduire après un certain temps et par conséquent amener nécessairement la répétition des mêmes sensations. Ce qu’on éprouve actuellement peut se combiner avec ce qu’on a éprouvé autrefois ; le pouvoir de reproduction et de combinaison est la propriété fondamentale de la vie psychique. La fusion immédiate d’une sensation avec le contenu d’une sensation reproduite s’appelle perception (Perception oder Wahrnehmung). Les séries de sensations, en se reproduisant, donnent naissance à une perception composée par laquelle nous saisissons les objets ou les faits comme des totalités liées entre elles.

2o La répétition et la conscience de soi (Selbstbewusstsein). — Hume a eu raison de nier que nous acquérions par un examen interne immédiat la représentation du Moi, il a eu tort de nier l’existence d’un élément psychique constant qui serve de fondement à cette représentation, Ce n’est pas la répétition constante d’une certaine situation, c’est la répétition d’une certaine activité (Wirksamkeit) conclue de la synthèse de nos éléments psychiques qui lui sert de fondement, Et comme cette activité est la condition nécessaire de toute conscience de soi, nous ne pouvons jamais en avoir complètement conscience. Il serait même con-