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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Vierteljahrsschrift für wissenschaftliche Philosophie, 1883 (2. 3).

B. Erdmann. Études logiques (suite), — On ne peut mener à bonne fin les recherches sur le principe logique de raison suffisante sans rendre compte du principe réel de causalité. Mill n’a fait à propos de ce dernier que reproduire Hume qui cherche dans l’habitude l’origine du principe de causalité. Pour tous deux la loi de causalité dérive de l’expérience, de la succession régulière des phénomènes. Il y a là une pétition de principe.

Le développement des procédés par lesquels nous objectivons nos représentations comprend quatre périodes : 1o Nous posons nos sensations comme propriétés des choses ; 2o nous faisons de ces propriétés les causes de nos sensations 3o nous plaçons les choses comme existant indépendamment de nous ; 4o nous posons les choses comme soutien de ces propriétés. Le concept des propriétés sensibles se résout dans celui d’activité : le concept du support se ramène à celui de causalité et c’est la conscience qui nous donne le prototype du rapport de causalité. L’empirisme qui dérive la loi de causalité de la succession régulière des faits de perception, suppose donc ce qui est à prouver, puisque la possibilité de ces faits de perception eux-mêmes repose sur les rapports de causalité,

Le rapport de causalité est donc la condition de toute expérience, il est indépendant de toute expérience possible pour nous, ce qui ne veut pas dire qu’il soit indépendant de toute expérience possible, qu’il soit à priori au sens où l’entendent Leibniz et Kant. Quoi qu’en dise Schopenhauer, Kant a montré que tous les concepts de la raison participent à la formation de l’objet empirique et de l’objet de la raison pure comme formes de concept, dont le fondement ou les conditions subjectives de la spontanéité de la pensée sont innées, et dont l’acquisition primitive précède de beaucoup le concept déterminé des choses qui sont en accord avec cette forme. De plus, il a montré que la catégorie de causalité a une importance particulière pour cette objectivation. Mais il n’a pas délimité nettement cette importance prépondérante du rapport de causalité.

Schopenhauer a rendu incontestablement un grand service en reconnaissant positivement l’objectivation des représentations de la percep-