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notices bibliographiques

qui s’appliquent à tous ; mais M. Guilly s’intéresse surtout aux malheureux, sa morale s’en ressent, et il serait injuste de lui en vouloir, Ce livre gagnerait aussi à être écrit dans un style plus sobre, moins hérissé de mots abstraits et de métaphores.

L. M.

P.-H. Ritter. De monadenleer van leibniz (La doctrine des monades de Leibniz).Academisch Prœfschrift. Leiden, S.-G. van Doesburgh, 1882 (1 vol.  in-8o de xii et 168 p.).

Cette étude est intéressante ; elle est écrite avec clarté et décision, et le jury qui l’a récompensée par le diplôme de docteur en théologie en a certainement apprécié les sérieuses qualités.

L’Introduction débute par des considérations générales sur la marche de la recherche philosophique depuis Descartes. Cela fait, M. Ritter explique son intention, qui est : 1o de décrire d’après les sources la doctrine de monades de Leibniz ; 2o de montrer la place que cette doctrine occupe dans l’histoire de la philosophie ; 3o de montrer quelle valeur elle a encore pour notre temps.

Ce triple objet de recherche constituait un fort bon plan. On se demande pourquoi M. Ritter ne s’y est pas tenu et a adopté le suivant : chapitre I (pp. 9-49), Marche de la philosophie spiritualiste de Descartes à Spinoza, chapitre II (pp. 47-149). Exposé de la doctrine de Leibniz ; chapitre III (pp. 150-163), Critique. — Nous trouvons donc tout un chapitre d’histoire de la philosophie auquel nous n’avions pas raison de nous attendre, et ce qui concerne le rapport de la monadologie avec d’autres systèmes se trouve dispersé dans le reste du volume, « Dans nos chapitres II et III, nous aurons bien, dit l’auteur, l’occasion de rattacher la monadologie de Leibniz aux systèmes d’autres philosophes et d’indiquer en même temps la place que cette doctrine occupe dans l’histoire de la philosophie, » Soit ; mais autre chose est faire des rapprochements à l’occasion, autre chose comparer d’une façon suivie les parties essentielles d’un système avec les doctrines analogues, travail qui eût exigé des recherches particulières sur les influences subies par l’auteur du système des monades. La voie avait été montrée à M. Ritter par de récents travaux, entre autres par les recherches de M. Marion sur Glisson. Nous regrettons qu’il n’y soit pas entré, lui aussi. Avec son tour d’esprit net et sa manière un peu brève, il eût sans doute soulevé, peut-être résolu, d’intéressants problèmes.

Nous regrettons de ne pouvoir considérer la première partie de l’œuvre (de Descartes à Spinoza) que comme une sorte de hors-d’œuvre, Le corps du volume contient, on le sait, l’analyse, accompagnée de quelques réflexions explicatives, de la théorie de Leibniz sur les monades, De nombreuses citations occupent le bas des pages et justifient l’exposition. Les sous-divisions sont : Vie de Leibniz, Monadolo-