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ANALYSES.menger. Méthode des sciences sociales.

rique des recherches théoriques en économie politique. Ces dernières ne doivent aboutir ni à une « science des lois du développement des états économiques » (Volkswirtschaft), ni à une « philosophie de l’histoire ».

Les institutions économiques et les lois normatives se forment en conséquence des circonstances particulières à chaque peuple. Ce principe est naturel dans toutes les sciences pratiques. La soi-disant « méthode historique » a beaucoup contribué à mettre de la confusion dans les sciences pratiques de la sociologie à l’égard des idées sur la relativité des institutions sociales.

La troisième partie de l’ouvrage à pour titre : « De la connaissance organique des phénomènes sociaux. »

Il a été constaté une analogie entre la fonction des institutions sociales et celle des organismes naturels. Elle n’est pas universelle, elle n’existe que pour les institutions sociales qui sont le résultat non réfléchi d’un développement historique et n’embrasse pas en entier ces phénomènes, mais elle n’existe que sous certains aspects et encore seulement en partie. Elle a pour origine une idée vague et n’est en partie que purement extérieure.

Cette analogie étant incomplète, elle ne peut être une méthode d’investigation, mais seulement qu’un moyen d’exposer les faits (Mittel der Darstellung), — p. 152.

En parlant de l’intelligence théorique des phénomènes sociaux qui sont un produit non réfléchi du développement historique, l’auteur démontre que reconnaître les faits sociologiques comme « produits organiques » n’exclut aucunement la tâche de leur compréhension exacte (atomistique). Une partie des produits sociologiques est d’origine pragmatique et doit en conséquence être interprétée d’une manière pragmatique ; l’autre est le résultat non réfléchi d’une évolution. « un produit organique » et doit être interprétée d’une autre façon. Mais de quelle manière ? Après avoir fait la critique des essais par lesquels on a voulu expliquer les problèmes qui se présentent sur ce point, M. Menger donne plusieurs exemples, tels que l’origine de l’argent, des cités, des états, de la division du travail et des marchés, exemples qu’il explique d’une manière magistrale, et par lesquels il démontre que les méthodes qui conduisent à l’intelligence exacte de ces faits et celles que requièrent les principaux problèmes de la science économique exacte sont les mèmes (p. 183).

Dans la dernière (quatrième) partie de son ouvrage M. Menger parle « du développement de l’idée de la manière de traiter historiquement l’économie politique. »

Il prouve avec beaucoup de science et d’érudition que l’idée qui sert de fondement à « l’école historique » des économistes allemands — à savoir que l’histoire est une excellente maîtresse pour l’homme d’État, donc une base importante de sa science qui est la politique — est connue depuis les premières origines des sciences politiques, que l’historisme est tombé dans l’erreur de se prendre pour historique dans le sens de l’école