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A. Comte et J. S Mill n’ont pas compris. Chercher la pierre de touche des lois exactes de la science économique (théorétique) dans leur conformité (Congruenz) avec ses lois empiriques, c’est méconnaître les principes plus élémentaires d’une méthodologie scientifique (p. 59).

L’opinion qu’il faut considérer les phénomènes économiques en stricte relation avec tout le développement social et politique des peuples est adéquat à l’histoire, ainsi qu’à la jurisprudence historique. Adapter ce point de vue machinalement aux sciences sociales théoriques en général et à la science économique (théorique) en particulier est uno erreur fondamentale. Cette idée est en général contraire à une méthode exacte et en particulier dans notre cas ; pour la méthode empirico-réaliste elle ne lui est pas non plus adéquate. L’opinion citée conduit en dernière conséquence à nier toute science théorique de l’économie et à reconnaître l’historiographie comme étant le seul mode convenable de recherches.

Voilà les principales opinions que l’auteur émet dans la première partie de son livre. Voici le contenu de ses deux derniers chapitres :

Les partisans de l’historisme économique en Allemagne sont en général d’avis que les économistes français et anglais croient que les hommes ne se laissent effectivement guider dans leur activité économique que par leurs intérêts individuels, par l’égoïsme. Ces prémisses ne s’accordant pas avec la vérité, ils ne voient dans toute notre science théorique jusqu’à présent que des suppositions sans valeur. L’auteur prouve que concevoir cette idée c’est méconnaître les points de vue méthodiques fondamentaux, car traiter isolément ce mobile de l’égoïsme est une nécessité méthodologique. La plupart des savants allemands élevés dans les idées de l’école historique du droit, accusent d’atomisme ceux qui s’occupent des vraies tâches de la science économique.

La deuxième partie de l’ouvrage traite « du point de vue historique dans Les recherches sur l’économie politique ».

Cette dernière n’est pas une science historique. La vraie méthode historique doit être aussi différente pour chacune des sciences économiques (théorétique et pratique), que les deux méthodes (exacte et réelle) le sont entre elles.

Les phénomènes économiques (Volkswirthschaftliche Erscheinungen) se développent un à un individuellement et typiquement, tout en changeant dans le cours du temps leur caractère spécifique. Ce fait ne peut être sans influence sur notre science théorique et surtout sur le mode réaliste et empirique de ses recherches. Il faudrait donc qu’il y eût une théorie réaliste qui prit en considération le point de vue de cette évolution, le point de vue historique (p. 110). La soi-disant méthode historique ne supprime aucunement le reproche d’une trop grande généralisation qu’on pourrait adresser aux connaissances théoriques en économie politique.

Le point de vue historique dans les recherches théoriques doit aussi peu consister en détails historiques accessoires qu’en études historiques de la littérature en général et en détails sur l’histoire de certains dogmes en particulier ou qu’à constater le fait que l’histoire est le seul champ empi-