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BEAUSSIRE. — l’indépendance de la morale

s’agit de tel objet confié par telle personne à telle autre personne, mais parce que je conçois nécessairement, entre les termes du précepte, un rapport idéal universellement obligatoire. C’est l’honneur de Kant d’avoir le premier clairement reconnu et rigoureusement établi le caractère formel de la loi morale. On peut contester ses définitions et ses déductions. On peut lui reprocher des formules trop étroites, des postulats trop facilement acceptés, une méconnaissance trop fréquente de l’expérience et de là réalité positive, dont l’intervention est nécessaire, sinon pour fonder la morale, du moins pour lui donner tous les développements qu’elle réclame dans l’ordre spéculatif et dans l’ordre pratique ; mais quelque jugement qu’on doive porter sur tel ou tel point de sa morale, le principe en est incontestable. La morale philosophique n’assurera tout ensemble son indépendance et son autorité qu’en se maintenant résolument dans la voie qu’il lui a tracée.

Émile Beaussire,
de l’Institut.