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ANALYSES.alfred sidgwick. The Fallacies.

vrai un fait qui contredirait la loi de la gravitation qu’après des expériences minutieuses et réitérées. — Telles sont les règles logiques qui déterminent à qui incombe la preuve. Leur seule sanction c’est que, si l’on n’y obéit pas, la proposition n’est pas prouvée et l’auditeur n’est pas convaincu.

Les trois chapitres que nous venons d’analyser ont examiné les conditions pour ainsi dire antécédentes de la preuve ; aussi forment-ils une section de la deuxième partie de l’ouvrage, section que l’auteur appelle : Before proof. Les cinq chapitres qui nous restent à parcourir composent une autre section intitulée : Non Sequitur, sans doute parce que toutes les objections que l’on peut faire à un raisonnement peuvent se résumer en celle-ci : La conclusion ne résulte pas des prémisses.

Un chapitre d’introduction nous avertit d’abord que la source principale de toutes les difficultés qui s’opposent à la certitude vient du besoin de concilier l’investigation la plus complète possible avec un degré suffisant de rapidité dans la pratique. D’un côté, pour se défendre de l’erreur, il faudrait du temps et des précautions infinies ; de l’autre, la vie est courte, l’action nous réclame et nous devons nous décider vite. À la place d’une méthode parfaite, il faut donc substituer le plus souvent la conjecture, une sorte de travail divinatoire (guesswork) qui offre bien des chances d’erreur. Les principales sortes d’erreur que l’on est ainsi exposé à commettre sont au nombre de quatre, On peut : 1o se servir d’un faux raisonnement, ou 2o d’un fait vrai tirer une conclusion fausse, ou 3o{{lié}d’une prémisse fausse tirer par un raisonnement correct une conclusion fausse, ou 4o commettre une confusion mentale quelconque. Contre toutes ces erreurs on peut employer comme remède la méthode de réduction à l’absurde. Toute proposition dont on peut tirer logiquement une conséquence absurde est évidemment fausse.

Le chapitre suivant (cinquième de la deuxième partie, second de la deuxième section) est consacré à l’examen de ce travail divinatoire qui, dans l’infirmité de notre condition, remplace l’investigation complète et certaine. Les résultats de ce travail doivent pouvoir résister à toute attaque d’un adversaire et par conséquent éviter : 1o les principales causes de danger qui menacent un argument quelconque ; 2o  les dangers spéciaux qui menacent chaque forme particulière d’argument. Les principales objections que l’on peut faire à un argument quelconque sont : 1o que la raison que l’on donne reste à côté du sujet (ignoratio elenchi) ; 2o que la raison invoquée pour soutenir la thèse suppose la vérité même de cette thèse (petitio principii) ; 3o que quelque facteur important a été omis ou oublié (fallacia accidentis) ; 4o que quelque absurdité résulte de la thèse soutenue (reductio ad absurdum).

L’auteur consacre la fin de ce chapitre et les deux suivants à examiner ces quatre manières d’attaquer un argument. Il montre d’abord comment peut naître dans le raisonnement le vice paralogique ; il cherche ensuite les remèdes à apporter à ce vice. Nous ne croyons pas devoir analyser ces chapitres par le menu, parce que, comme il fallait s’y atten-