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ANALYSES.alfred sidgwick. The Fallacies.

quand il le faut la portée de l’attribut qui devient sujet. Le tableau donné par l’auteur ne contient pas en effet la conversion par accident de A et de E ; la précaution qu’il indique a pour but d’opérer ces sortes de conversions, lorsque cela est nécessaire. Mais on se demande alors si la loi de contre-indication a toute la vertu que lui suppose l’auteur, puisqu’il est obligé lui-même de prendre des précautions contre elle et de reconnaître implicitement qu’elle ne s’applique pas à tous les cas de conversion reconnus par les logiciens.

Le chapitre cinquième traite de la marche de la preuve. Il faut d’abord indiquer la relation qui existe entre la thèse T et la raison R. La thèse est la conclusion d’un raisonnement, la raison est contenue dans les prémisses. Chaque argument établit que la vérité de R indique la vérité de T. Si l’on accorde R, T s’ensuit ; si l’on nie R, il s’ensuit que T est aussi nié. [Il faut donc, pour s’assurer de la solidité d’un argument, examiner : 1o si R est faux en fait, et 2o si R peut être vrai tandis que T est faux. Dans le premier cas, la fausseté de R entraîne celle de T : dans le second, la vérité de R ne prouve rien par rapport à celle de T, puisque T peut être faux, tandis que R demeure vrai. La preuve doit rester conséquente avec elle-même, elle doit posséder la consistency. Toute preuve qui se contredit porte avec elle sa ruine. Pour rester conséquente, la preuve doit être soumise aux maximes de la conséquence, « Maxims of consistency », qu’on appelle ordinairement les lois de la preuve et qui sont les lois : 1o d’identité, — A est A — ; 2o de contradiction, — A n’est pas non — A — ; et 3o du milieu exclu, — A est B ou n’est pas B — Pour que la preuve ne se contredise pas, il faut apporter la plus grande attention au sens des mots. Les mots sont employés comme des étiquettes, des marques, des signes de pensée. Ils ont donc une définition, Cette définition s’opère par le genre et la différence, et c’est cette définition toujours présente à l’esprit qui pourra empêcher la contradiction de se produire. — La preuve prend une forme qui s’appelle un raisonnement. Tout raisonnement requiert l’existence de deux éléments exprimés ou sous-entendus : 1o un principe, 2o une application de quelque principe ; en d’autres termes, tout raisonnement peut prendre une forme syllogistique. Le principe forme la majeure et son application constitue la mineure. Quelle que soit la valeur des théories sur le syllogisme, il est incontestable qu’il est la forme même de ia déduction et que ses applications sont absolument générales.

Nous arrivons à la seconde partie de l’ouvrage, qui traite des possibilités de l’erreur.

Un premier chapitre servant d’introduction pose ainsi le problème que va maintenant discuter l’auteur : Quand une assertion est énoncée pour la première fois, la possibilité de l’erreur est à son maximum ; pouvons-nous atteindre un minimum ou même arriver à supprimer toute possibilité d’erreur ? C’est ce que nous allons tâcher de découvrir, en examinant toutes les objections qu’il est possible de faire à une assertion quelconque. On peut objecter à une assertion : ou qu’elle n’est pas