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ANALYSES.alfred sidgwick. The Fallacies.

la preuve, celui qui attaque ou celui qui soutient cette assertion ; ou être simplement douteuse. Dans ce dernier cas, si elle résiste victorieusement à toutes les attaques possibles, l’assertion devra être regardée comme vraie.

L’ouvrage se divisera donc en deux parties. Dans la première, l’auteur s’occupera de la nature de la preuve en général, de sa matière et de ses procédés. Cette première partie est plus spécialement théorique. Dans la seconde partie, l’auteur étudiera les diverses possibilités de l’erreur ; cette partie est plus particulièrement pratique.

La première partie se divise en quatre chapitres.

Le premier traite du sens du mot preuve et du but de la preuve. L’auteur s’attache à distinguer d’abord la preuve de l’inférence. Cette distinction est très importante et très difficile à faire, car le mot inférence est ambigu et peut s’appliquer à la preuve aussi bien qu’à la découverte. L’auteur s’arrête à appeler inférence le processus mental qui engendre une opinion ; il réserve le nom de preuve au processus qui établit sur un fondement assuré cette opinion une fois trouvée. Le problème de la preuve est-ainsi toujours plus étroit et plus défini que celui de l’inférence. L’auteur distingue ensuite la preuve de l’épreuve et se pose ce problème : La preuve est-elle le fondement des choses qui nous garantissent la vérité ou l’examen de ces choses lorsqu’elles ont été une fois fondées ? Se basant sur l’idée qu’il se fait de la preuve, qui consiste essentiellement, d’après lui, dans la résistance victorieuse à une critique hostile, il conclut que le mot preuve dans son sens plein signifie l’établissement d’une vérité comme telle par les épreuves même qu’on lui fait subir, ou plus simplement l’établissement de cette vérité en face d’une critique hostile. La preuve est d’autant plus complète que l’attaque à laquelle elle résiste représente toutes les attaques possibles. De là l’importance de cette question vraiment centrale : Comment peut-on attaquer une assertion une fois posée ?

Le second chapitre traite de la matière de la preuve en général. Cette matière consiste dans les propositions et leurs éléments. L’auteur s’attachera d’abord à déterminer quelles sont les propositions qui ne sont pas susceptibles de preuves et qu’il appelle « non réelles », unreal, et quelles sont celles qui peuvent être prouvées ; il appelle ces dernières propositions « réelles », real. Les unreal propositions sont de trois classes : La première classe se compose des propositions verbales ou tautologiques dans lesquelles l’assertion est déjà formée, dès que le sens du sujet est connu. Ces sortes de propositions n’ont évidemment pas besoin de preuve, toute preuve serait un cercle vicieux. Dans la seconde classe, on peut mettre les propositions qui se contredisent elles-mêmes, suicidal propositions, et dans lesquelles l’assertion est niée par le fait même que l’on saisit le sens du sujet. — Ces deux premières classes de propositions unreal nous conduisent sur les frontières d’un redoutable sujet, l’existence de premiers principes impossibles à dé-