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mais de se servir de la logique comme d’une machine de combat. Or, quelles que soient les théories sur les fondements de la logique, tous les esprits sont d’accord pour reconnaître que certains raisonnements sont paralogiques.

Ainsi, Sans donner raison au positivisme, on peut se dispenser de choisir entre les métaphysiques. Cependant la logique a besoin de quelques propositions primitives acceptées comme vraies. Ces assomptions sont d’abord la distinction de l’univers en sujet et objet, puis la reconnaissance que tout l’univers peut être divisé en choses qui peuvent être nommées et définies. Comme corollaires de cette seconde assomption, on doit accepter les principes connus sous Île nom de lois d’identité, de contradiction et du milieu exclu. Par rapport à la métaphysique de la causation, tout en écartant toutes les difficultés attachées aux théories de la cause, il faut affirmer cependant l’existence d’une uniformité de la nature.

On peut donc faire de la logique sans s’occuper de métaphysique. La logique se distingue encore de la psychologie, de la rhétorique et de la grammaire. Son but pratique est d’être le guide du raisonnement pour le préserver des dangers auxquels il est exposé. Mais, comme le remarque l’auteur avec humour, on ne doit pas regarder un livre de logique comme un vade-mecum qu’on porte en poche pour le consulter à chaque cas douteux. La logique ne peut nous donner la force d’avoir raison, mais nous montre uniquement si nous avons «  « correctement raison ».

La logique peut servir à la découverte ou à la preuve. L’auteur s’est constamment préoccupé des moyens de distinguer une évidence vraie d’une fausse, des méthodes les plus propres à critiquer, à éprouver la croyance. « À mesure que cet esprit critique nous devient habituel, nous avons plus de chance d’éviter le caractère d’un avocat, toujours entêté de sa cause, et d’amener notre esprit à l’attitude impartiale d’un juge. » La première condition pour éviter toute erreur est donc, comme le dit M. Spencer, le calme de l’esprit qui se tient prêt à adopter ou à rejeter avec la même indifférence une opinion, quelle qu’elle soit. Cette attitude sceptique n’est point du tout le scepticisme, puisqu’elle a au contraire pour but d’éviter l’erreur qui fait la plus grande force des arguments sceptiques,

La logique ainsi entendue peut être comparée à la médecine et l’erreur à une maladie de l’esprit. La logique comprendra donc le diagnostic, la cure et la prévention ; elle s’attachera : 1o à reconnaître les erreurs déjà commises ; 2o à convaincre les autres de leurs erreurs ; 3o à atteindre l’infaillibilité la plus complète qu’il soit possible. C’est le premier terme de ce triple objet qui forme le sujet du livre. Étant donnée une assertion quelconque, nous voulons rechercher s’il est possible de lui opposer quelque objection plausible. Or une assertion peut ou ne présenter aucun sens, dans ce cas il n’y a plus sujet à discussion ; ou offrir quelque difficulté, il faudra alors savoir qui doit supporter le fardeau de