pour la génération, ce sens peut être diversement lésé, et ces lésions doivent constituer autant d’affections, tout de même qu’il existe un certain nombre de maladies d’un appareil sensoriel quelconque. Cette idée est-elle le résultat d’observations cliniques exactement interprétées ? Or l’anatomie pathologique, science ennemie des hypothèses faciles, n’a encore rien trouvé en faveur de l’opinion de M. P. Moreau. D’autre part, la critique des faits semble aussi conduire à un tout autre résultat. Le travail de M. P. Moreau aboutit en effet, au point de vue clinique, à distinguer plusieurs espèces morbides. Entre tous les symptômes qui différencient le délire génésique des autres délires l’auteur reconnaît « un fond commun, un air de famille » (p. 147) ; mais il existe, croit-il, diverses formes de ce délire, et il les étudie dans l’ordre suivant : folies de puberté, de masturbation, de l’âge critique, utéro-ovarienne, post-connubiale, érotomanie, nymphomanie, satyriasis, perversion génitale absolue (bestialité, nécrophilie). Mais il a travaillé lui-même à détruire sa classification.
Qu’est-ce d’abord que ces intelligences anomales, qu’il examine en premier lieu ? Elles appartiennent à des individus placés sans doute sur « les frontières de la folie », suivant l’heureuse expression du professeur Ball. Mais cela suffit-il à les caractériser ? Explique-t-on par là, même en ajoutant le mot hérédité (voy.p. 150), la perversion de sentiments qu’on observe chez eux ? Qu’on prenne par exemple la catégorie d’individus dont le regretté professeur Lasègue a fait une si curieuse étude sous le nom d’Exhibitionnistes (Union médicale, 1er mai 1877). M. Lasègue a ainsi appelé des gens qui, sous une impulsion invincible, aux mêmes endroits et devant les mêmes personnes, montrent leurs organes génitaux. Un exemple donnera bien l’idée de ce fait singulier. « J’appris, raconte le professeur Lasègue, qu’une plainte avait été déposée contre un employé supérieur d’une administration, âgé de soixante ans, veuf et père de famille, On l’accusait de se poster près de sa fenêtre et d’y faire l’exhibition de ses organes génitaux devant une petite fille de huit à dix ans qui demeurait en face de lui ; elle s’était répétée pendant une quinzaine de jours, puis avait cessé pendant plusieurs mois, pour se reproduire dans des conditions identiques. Je connaissais personnellement l’inculpé ; j’allai le voir et lui demandai confidentiellement des renseignements, qu’il ne refusa pas. Il avouait tout, reconnaissait l’énormité et l’absurdité de sa faute, sans savoir, disait-il, comment se défendre. L’excitation instinctive était intermittente ; mais, dès qu’elle se produisait, il la sentait invincible… J’ai appris qu’il était mort un an après, à la suite d’accidents cérébraux. » Or,
