ce qui se passe en eux et comment se produisent ces phénomènes.
Or, parmi les troubles que présentent les dégénérés, les perversions de l’instinct sexuel sont extrêmement nombreuses et fréquentes[1]. Et, comme l’instinct sexuel constitue, au point de vue du mécanisme mental, une faculté évidemment très simple, c’est un excellent point de départ que l’analyse de ces perversions pour l’étude psychologique des dégénérés.
Les grandes lignes de cette analyse sont assez faciles à tracer. Il est certain d’abord que la sexualité résulte de la conformation anatomique des organes génitaux. Qu’on suppose cette conformation viciée, ne s’ensuivra-t-il pas un trouble dans la fonction ? C’est ce que j’essayerai de montrer par l’étude de quelques cas curieux d’hermaphrodisme, dans lesquels on verra comme une direction double de l’instinct sexuel. Mais à la constitution anatomique et à l’état des centres nerveux en rapport avec l’arrangement organique, correspondent des dispositions nerveuses et mentales. On peut se demander si, ces dispositions étant perverties par suite de quelque désordre dans le système cérébral ou médullaire, la fonction ne sera pas encore troublée. L’étude qui sera faite de la pédérastie, quoiqu’un peu rapide, suffira sans doute à le prouver et à dévoiler l’existence d’un état qu’on pourrait appeler l’hermaphrodisme moral ou psychique, par analogie avec l’hermaphrodisme physique. Et par là on arrivera à expliquer la plus importante des aberrations sexuelles, l’inversion du sens génital (sexualité contraire de Westphal), où l’on voit un sujet, sans qu’il y ait la moindre influence de dépravation acquise, présenter un penchant absolument invincible pour le sexe opposé à celui dont il fait morphologiquement partie.
D’autres manifestations de l’érotisme se rencontreront sans doute dans le cours de ce travail. Ces troubles seront signalés et mis en leur place. Mais la base de tous ces phénomènes restera solide, c’est à savoir la conception anatomo-physiologique exposée ci-dessus.
Il vient alors une conclusion psychologique manifeste. L’instinct de la génération, qu’on pourrait croire inaltérable, parce qu’il est vraiment fondamental, tous les autres le supposant, résulte d’une combinaison, d’un consensus, comme tant d’autres phénomènes psychiques. C’est sans doute une combinaison très stable, car il est la faculté la plus simple de notre nature, résultant seulement d’une constitution ana-
- ↑ C’est au Dr Magnan qu’on doit surtout de savoir classer sûrement ces troubles sexuels. Depuis plusieurs années déjà, dans son pénétrant enseignement clinique à l’asile Sainte-Anne, il a souvent montré que ces désordres prennent place à côté de tant d’autres perversions, que présentent les dégénérés héréditaires, dipsomanie, kleptomanie, pyromanie, etc., et qui dépendent toutes d’un même fonds pathologique.
