REVUE GÉNÉRALE
LES ABERRATIONS DE L’INSTINCT SEXUEL
Tous les phénomènes qui dépendent de l’instinct sexuel jouent, on l’a depuis longtemps observé, un rôle des plus importants dans l’aliénation mentale. Combien de formes de folie dans lesquelles ces phénomènes tiennent, en tant que symptômes, une grande place ! Un des caractères distinctifs de la folie religieuse, par exemple, ne consiste-t-il pas dans une vive excitation sexuelle ?[1] Une des principales formes de la folie religieuse, la démonomanie, rare aujourd’hui, mais si fréquente au moyen âge, est surtout caractérisée par des troubles génitaux de nature diverse, idées obscènes, illusions, hallucinations de la sensibilité générale et spéciale. Chez les paralytiques généraux, chez les aliénés atteints de la folie à double forme de Baillarger, et chez des malades souffrant simplement d’affections de la moelle ou du cerveau, mais non fous dans le sens ordinaire du mot, comme les ataxiques, les épileptiques, les hystériques, tous les auteurs signalent, à certaines périodes de la maladie, des phénomènes érotiques, depuis la surexcitation génitale ou même seulement la coquetterie exagérée jusqu’à la nymphomanie et au satyriasis. Et dans les folies dites congénitales, telles que l’imbécillité et l’idiotie, quelle importance ne prend pas l’onanisme ?
Il y a plus : des phénomènes simplement physiologiques, comme la
- ↑ Voy. Falret, Leçons cliniques de médecine mentale, Paris, 1854, p. 30, et Bali, Leçons sur les maladies mentales, Paris, 1883.