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MANOUVRIER. — la fonction psycho-motrice

cas est bien plus probable, car comment supposer qu’un courant cortical centrifuge, parvenu dans le cervelet ou les corps striés, y soit absorbé, détruit. Il continue bien certainement son chemin, combiné au courant d’origine inférieure dont il a pu déterminer la production.

Si les hémisphères cérébraux n’agissaient pas sur les organes par voie centrifuge, il serait difficile de s’expliquer pourquoi leur volume est si étroitement lié à celui de ces organes. On conçoit que la fonction psychique puisse s’exercer d’une façon tout aussi intense chez les individus petits que chez les grands sans que la grosseur et le nombre des éléments nerveux varient, puisque le nombre, la variété, l’intensité, la complexité des sensations, des idées, etc., sont indépendants de la taille. On conçoit aussi que les fibres efférentes n’aient pas besoin d’être plus grosses ni plus nombreuses pour porter de simples ordres du cerveau pensant aux ganglions moteurs chez des individus de forte taille. Il pourrait suffire que ces ganglions eussent un volume en rapport avec celui des organes à mouvoir. Mais si, au contraire, les éléments corticaux ont pour complément de leur fonction psychique une fonction motrice ; si les fibres sous-jacentes doivent transmettre aux corps striés et au cervelet des courants destinés à passer outre et à exciter les organes eux-mêmes, alors on conçoit la nécessité d’une relation quantitative entre les circonvolutions cérébrales et la masse de l’organisme. Or, cette relation est complètement démontrée par l’anatomie comparative. Le volume du cerveau est plus influencé par la masse du corps que celui des autres centres nerveux encéphaliques : le cervelet vient après, puis viennent l’isthme et le bulbe qui président aux mouvements d’organes très petits en général. Nous ne faisons qu’indiquer ici ces faits que nous avons étudiés ailleurs. Il est utile pourtant de faire observer que la masse de l’appareil locomoteur n’influe pas également sur toutes les parties du cerveau ; elle influe surtout sur la masse des parties moyennes et des parties centrales inférieures, fait qui entraîne des variations morphologiques cérébrales et crâniennes très importantes en rapport avec la taille, mais sur lequel les limites de cette étude ne nous permettent pas d’insister. Disons seulement que ces parties du cerveau dont le volume est le plus influencé par la masse de l’appareil locomoteur, renferment précisément toutes les circonvolutions ou portions de circonvolutions signalées comme centres moteurs.

Cette expression de centres moteurs, toutefois, a été souvent entendue dans un sens trop absolu, de sorte que l’on a cru pouvoir supprimer à jamais les mouvements d’une partie du corps en détrui-