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comme sensitifs à leur entrée parce qu’ils allaient donner lieu à des phénomènes de sensibilité, ils sont considérés comme moteurs à leur sortie parce qu’ils vont donner lieu à des mouvements. C’est même là leur but essentiel, car si la conscience n’a pas été éveillée durant le trajet intra-cérébral, les phénomènes ultimes de mouvement ne s’en produisent pas moins et n’en sont pas moins déterminés par les coordinations intra-corticales intimement unies aux coordinations psychiques.

Le rôle de centres moteurs, joué sans contredit par les corps striés et par le cervelet, rend-il inutile la fonction motrice du cerveau ? Ce n’est pas là tout au moins une nécessité logique. Il peut fort bien se faire que les courants nerveux centrifuges psychiquement coordonnés dans les circonvolutions aient besoin, pour produire les mouvements compliqués de la main, ; par exemple, de subir dans l’un ou dans l’autre des gros ganglions sus-nommés une nouvelle coordination de détail en quelque sorte, coordination établie dans des centres nerveux inférieurs et purement instinctive. Lorsqu’en effet nous exécutons un mouvement, le plus volontaire c’est-à-dire le plus conscient que l’on puisse imaginer, nous ne nous représentons que le but proposé, c’est-à-dire les rapports de ce mouvement avec d’autres et avec les faits qui doivent en résulter ; mais nous ne pouvons vouloir les combinaisons musculaires dont le jeu doit produire le mouvement projeté : ce sont là des choses que la conscience, même celle d’un anatomiste et d’un physiologiste, n’a jamais connues et qui, par conséquent, ne correspondent à rien dans les centres corticaux. Il faut donc que les combinaisons musculaires, susceptibles de composer un mouvement complexe, soient représentées dans quelque centre nerveux inférieur chargé de présider aux détails de lacte imaginé et commandé par les centres corticaux. Telle serait, selon nous, l’une des fonctions des corps striés et du cervelet.

Quelle est la nature des ordres apportés par les fibres blanches cérébrales efférentes à ces deux centres encéphaliques ? Si ce ne sont point des ordres de nature métaphysique, ce sont des courants nerveux, c’est-à-dire des modifications nerveuses transmises de proche en proche. Mais alors se présente la question de savoir si ces courants nerveux se bornent à mettre en jeu les ganglions moteurs, ou bien s’ils entrent pour une part, et pour quelle part, dans les courants centrifuges émis par ces ganglions eux-mêmes, ces derniers courants étant envisagés au point de vue de la quantité. Dans le premier cas, les centres corticaux seraient encore moteurs, mais ils ne seraient, à proprement parler, que par procuration. Mais le dernier