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MANOUVRIER. — la fonction psycho-motrice

est loin d’être prouvé, car d’après la manière de voir la plus générale, le cerveau contiendrait des cellules motrices, et ce seraient probablement les grandes cellules cérébrales analogues aux grandes cellules médullaires dont le rôle spécialement moteur est bien démontré.

Il faut reconnaître d’ailleurs que, pour le psychologiste, cette discussion n’a pas une importance capitale, car que la fonction motrice du cerveau s’exerce directement ou bien par l’intermédiaire des corps striés et du cervelet, elle n’en est pas moins certaine ; de même que sa fonction sensitive n’est pas niable par le fait que le cerveau ne reçoit pas directement les nerfs sensitifs. Cette discussion perd plus complètement encore son importance si l’on admet la théorie exposée dans le précédent paragraphe. Alors, en effet, le cerveau ne produirait pas plus les courants moteurs qu’il ne produit les courants sensitifs. Ces derniers parviennent dans les circonvolutions, y subissent des associations et des combinaisons correspondantes à des associations et à des combinaisons externes ou organiques.

Ces formes, pour ainsi dire, subies par les courants nerveux dans les circonvolutions, sont un résultat de coordinations anatomiques, dont la mise en jeu est accompagnée ou non de conscience. C’est d’elles que dépendent les formes centrifuges des courants cérébraux, comme si ces derniers avaient pour champ une couche de cellules dont les arrangements correspondraient à ceux d’une couche supérieure, les derniers ne pouvant se produire ou ne pouvant entrer en jeu sans que les mêmes phénomènes se produisent dans l’autre couche et réciproquement, de même que les formes décrites en l’air par un doigt sont reproduites par l’ombre de ce doigt. Quelle que soit la valeur de ces comparaisons, les courants nerveux qui ont pénétré dans les circonvolutions finissent, ainsi qu’il arrive dans les autres centres nerveux, par se réfléchir et, dès lors, leur rôle sensitif est terminé puisqu’ils sont sortis du centre sensitif. Or, comme ils se dirigent du côté des organes, comme il se produit consécutivement des mouvements dans ces organes, et comme d’autre part, si on les remplace dès leur sortie des circonvolutions par un courant électrique, ces mouvements se produisent aussi ; on est bien autorisé à appeler ces courants des courants moteurs, tout comme l’on appelle moteurs les courants centrifuges réfléchis dans le sens des organes par les centres médullaires. Ces derniers courants ne sont cependant pas produits dans la moelle ; c’était aussi, avant leur entrée dans celle-ci, des courants sensitifs ; c’est uniquement en vertu de leur réflexion dans le sens des organes qu’ils sont devenus des courants moteurs. Il en est de même des courants corticaux : considérés