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collationné les relations successives d’un seul et même mot fourni par l’enfant à diverses époques. — Le langage des enfants est d’ordinaire monosyllabique ou, du moins, ils adoptent deux syllabes au plus pour représenter un mot tout entier (l’enfant de Taine disait cola pour chocolat[1], En outre, ils n’admettent que deux ou trois consonnes de suite dans une même syllabe (lan pour blanc : omama pour grossmama) (grand’mère) comme disait l’enfant de Schultze. Les voyelles sont plus ou moins mouillées : a devient un son mixte en a et ià, ou un son mixte entre ou et iou. Ils substituent des sons à d’autres : tloix pour croix etc. D’autres saisissent la structure syllabique d’un mot, sans en étudier les Sons constitutifs : titille pour petite-fille, ninanade pour limonade. En résumé, les uns étudient principalement les sons (procédé phonétique), les autres la structure syllabique du mot (procédé syllabique). Chez ces derniers la parole semble facile et courante, chez les premiers elle paraît confuse ; mais aucun des deux langages ne l’emporte sur l’autre.

L’auteur essaie ensuite une explication physiologique du processus de développement et il établit « que dans le cas du procédé syllabique, c’est la pratique de l’enfant dans l’expiration articulatoire qui occupe le premier plan, tandis que dans le second (phonétique) c’est l’exercice de la prononciation des sons, c’est-à-dire du travail de l’articulation dans le sens rigoureux. » — Il rappelle avec Taine que la plupart des sons de l’enfant s’élaborent par voie de métamorphose constante et de transformation des mouvements articulatoires les plus simples. Il distingue les sons de la période antérieure, c’est-à-dire les consonnes m, b, p, f, t, s, n, g (dur) avec toutes les voyelles qui forment les mots de l’enfant pendant la première période de la seconde année, et les sons de la période ultérieure, j, ch, z. r, l, ts.

Dr Magnan, Des hallucinations bilatérales, de caractère différent suivant le côté affecté.

Plusieurs observations de malades qui d’un côté ont des hallucinations gaies, ambitieuses, etc., et de l’autre, n’entendent que des choses désagréables. L’auteur rappelle ce qui peut se produire artificiellement chez les hystériques hypnotisées qui peuvent être cataleptiques d’un côté et léthargiques ou Somnambuliques de l’autre, Pour l’explication physiologique des hallucinations, il admet la théorie de Tamburini, qui leur donne comine cause fondamentale un état d’excitation des centres sensoriels de l’écorce ; et il voit, dans ces hallucinations bilatérales différentes, une nouvelle preuve du dédoublement et de l’indépendance fonctionnelle des hémisphères cérébraux.

Ch. Féré. La famille névropathique. Article étendu consacré à l’étude de l’hérédité dans les maladies du système nerveux. L’auteur divise la famille névropathique en deux branches : l’une psychopathique, comprenant les états psychiques morbides et les névroses qui leur sont

  1. Voir Revue Philosophique, t.  I, 1876, p. 1 et suiv.