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tout à fait involontaire qui se produit dans des directions multiples à l’occasion d’une émotion subite : rires et pleurs simultanés, mouvements des membres, tremblement général, etc., etc., — ou encore à la suite d’une inaction trop longue. C’est ainsi que l’on voit des enfants se livrer presque automatiquement à de véritables excentricités motrices (sauts périlleux, grimaces, contorsions, etc.), lorsqu’ils sont mis soudainement en liberté après une contention prolongée. Des actes du même genre s’observent aussi chez les animaux. J’ai vu un chat des plus tranquilles et des plus nonchalants à l’état normal, exécuter sur place une série de sauts prodigieux après avoir supporté patiemment pendant plusieurs minutes les coups de bec d’un pigeon élevé avec lui, et dont, par crainte du maître ou par générosité, il n’avait osé se défendre.

Les convulsions épileptiques, hystériques, choréiques et autres nous semblent être aussi des effets de la décharge anormale plus ou moins rapide des centres nerveux et du cerveau en particulier. Chez les épileptiques, cette décharge serait instantanée, complète, accompagnée d’une abolition absolue des fonctions cérébrales pendant un certain temps. Les contractions musculaires sont généralisées. D’abord continues pendant une trentaine ; de secondes, elles deviennent successives pendant quelques minutes (convulsions cloniques), puis de moins en moins fortes et font place au coma, puis au sommeil.

Dans d’autres formes d’épilepsie, la décharge nerveuse serait limitée à certains centres seulement cérébraux et autres : actes impulsifs, mouvements involontaires accompagnés de perte de mémoire et d’inconscience.

L’attaque d’hystérie nous fournirait l’exemple d’un autre genre de décharge nerveuse, c’est-à-dire d’une décharge successive pouvant être limitée, circonscrite, assez incomplète pour ne pas entraîner la perte de la conscience, mais pouvant franchir toutefois les limites qui séparent l’hystérie ordinaire de l’hystéro-épilepsie. Dans l’attaque de grande hystérie, si bien étudiée par M. Charcot, ne peut-on pas voir une décharge violente se produisant successivement dans plusieurs départements cérébraux successifs et accompagnée de phénomènes d’expression différents suivant les régions psychiques atteintes ?

Il semble aussi que dans la chorée ou danse de Saint-Guy existe un certain relâchement dans les cellules cérébrales accumulatrices, d’où production de courants centrifuges presque incessants et plus ou moins généralisés. Les mouvements désordonnés de l’ataxie locomotrice sembleraient produits par des décharges médullaires intempes-