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MANOUVRIER. — la fonction psycho-motrice

d’un mets favori peut provoquer la salivation, de même qu’une idée répugnante peut suffire pour provoquer le vomissement.

Le cerveau agit non moins évidemment sur certains organes de la génération qui sont cependant soumis à l’influence de centres nerveux inférieurs, et il faut noter que ces diverses influences peuvent s’exercer indépendamment l’une de l’autre. — Les mouvements de locomotion sont régis par la moelle et par le cerveau ; les mouvements d’expression par la moelle, par l’isthme de l’encéphale et par le cerveau. On peut dire, en somme, que tous les organes sont soumis à l’influence d’un centre médullaire ou sympathique et du cerveau. Il est nécessaire, toutefois, de chercher les preuves de ce fait non pas seulement dans nos connaissances anatomiques encore bien incomplètes et dans les résultats très insuffisants fournis par l’expérimentation, mais aussi dans l’observation clinique et dans l’observation psychologique, car c’est à ces divers moyens d’investigation réunis, et non à l’un d’eux exclusivement, que nous devons nous adresser pour nous rendre compte de l’action du cerveau et du système nerveux en général sur le reste de l’organisme.

Par les communications plus ou moins directes existant entre les organes et les centres nerveux sous-jacents au cerveau, y compris la moelle allongée, chaque organe peut être le siège de phénomènes purement réflexes, soit physiologiques, soit expérimentaux. L’axe médullaire, en dehors des fonctions qu’il possède comme présidant aux actions réflexes, joue en, même temps le rôle de conducteur centripète ou centrifuge pour des courants nerveux qui montent jusqu’au cerveau ou qui en descendent. Mais ces derniers courants ont à traverser, soit avant d’atteindre les hémisphères, soit avant d’être transmis de ces derniers à l’axe spinal, un ou plusieurs centres intermédiaires, à savoir les couches optiques, les corps striés ou le cervelet.

Ce sont les fonctions de ces trois centres situés entre l’organe pensant et la moelle qui sont les moins bien connues. On considère le cervelet comme présidant à la coordination des mouvements volontaires, c’est-à-dire des mouvements succédant à des phénomènes de conscience et déterminés par le courant cérébral centrifuge consécutif à ces phénomènes. — Les corps striés seraient également des centres coordinateurs : leur rôle semble consister à transformer l’incitation simple qu’il ont reçue en des incitations complexes permettant la réalisation de tous les mouvements partiels qui doivent concourir à l’action voulue. Peut-être doivent-ils être considérés comme des centres instinctifs dans lesquels se trouvent associés d’une façon convenable les éléments nerveux chargés de distribuer chaque courant