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LA FONCTION PSYCHO-MOTRICE


Le sujet de cette étude appartient à la physiologie, mais son importance philosophique est assez grande, ses relations avec la psychologie sont assez étroites et assez nombreuses pour solliciter les méditations des philosophes et des psychologues. La connaissance des mutuels rapports du cerveau et du reste de l’organisme est le couronnement de la physiologie du système nerveux et doit se trouver à la base d’une psychologie vraiment scientifique.

Bien imparfaite encore est cette connaissance. Il s’en faut de beaucoup que la physiologie, dans son état actuel, puisse fournir l’explication de toutes les données acquises par l’observation psychologique. La science objective est assez avancée pour prêter à l’étude des phénomènes psychiques un solide appui, pour faire entrevoir, trop souvent dans un demi-jour passablement brumeux, le sens dans lequel seront résolues les questions insolubles aujourd’hui, pour inspirer aux adversaires des théories métaphysiques une confiance inébranlable dans leur méthode d’investigation et dans leur mode de conception des choses. Il n’en est pas moins vrai que lorsqu’on veut essayer d’explorer le domaine de la pensée à la seule lumière de l’anatomie et de la physiologie, on ne peut faire quelques pas sans être obligé de substituer peu à peu et complètement, au flambeau dont on s’était muni, celui de sa propre imagination. Dans l’antique sanctuaire de l’âme, la science a pu jeter assez de lumière pour faire évanouir toutes les entités, les vains fantômes qui le peuplaient, mais cette lumière n’est pas encore assez vive pour éclairer les recoins d’un si mystérieux séjour, pour dévoiler les détails du mécanisme intellectuel.

Aussi bien ne s’agira-t-il ici que d’une analyse très succincte des sources organiques de l’intelligence et de l’influence réactionnelle exercée par cette fonction suprême sur elle-même au moyen de l’action motrice de l’organe pensant sur les autres organes. Nous envi-