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ment de distinguer l’égalité de deux sensations, mais de comparer des sensations inégales. C’est là le point capital, la source de toutes les difficultés soulevées ; car la mesure de sensations inégales paraît d’abord en contradiction avec la condition fondamentale de toute mesure ; mais ce n’est qu’une apparence, nous comparons en fait non deux sensations, mais deux différences entre deux sensations et là il y a un jugement d’égalité. À la vérité ce jugement porte non sur des différences de sensations, mais sur le degré de perceptibilité de cette différence. Toutefois ce jugement « que deux différences de sensations données sont également perceptibles » est sans aucun doute un jugement d’égalité au même titre que « deux espaces, deux durées, deux intensités lumineuses ou sonores sont égales. » Si l’on objecte que l’on mesure en réalité, non les sensations elles-mêmes, mais simplement leur degré de perceptibilité, on répondra que ce sont là en réalité les derniers éléments psychiques, qui seuls sont mesurables dans ce cas. Poser la question sous une autre forme, c’est la mal poser et il n’y pas à s’étonner si on ne la résout pas.

Ce principe de la mesure psychophysique n’est d’ailleurs pas restreint à la seule loi de Weber. Il trouve son application dans les recherches sur le sens du lieu, du temps, l’étendue de la conscience, etc.

3o Conditions pour ramener le principe de mesure de Weber à celui de Fechner. — Cette réduction n’est possible « que quand les différences de sensations comparées appartiennent à des changements ayant lieu dans des conditions constantes de temps et d’espace et dans une série appartenant à un seul et même sens. » Enfin cette réduction suppose aussi : « qu’étant donné un état constant de notre attention, des changements égaux dans notre perception répondent à des changements égaux dans leur cause. »

4o Signification psychologique de la loi de Weber. — Les considérations précédentes répondent à cette question : quel est le rapport de la loi de Weber à celle de Fechner ? La loi de Weber ne se rapporte pas à la sensation elle même, mais à la manière dont nous la saisissons : elle n’est pas une loi de la sensation, mais une loi de l’aperception. La loi de Fechner, au contraire, a le caractère d’une loi de la sensation. À titre de constatation de fait, on ne peut donc parler que de la loi de Weber non de celle de Fechner : car nous ignorons absolument comment nos sensations se comportent, indépendamment de leur aperception. — En ce qui concerne l’aperception, sa nature et ses lois, nous ne pouvons que renvoyer à ce que l’auteur en a dit dans sa Physiologische Psychologie, 2e édition, p. 351 et suivantes.

Volkmar Estel. Nouvelles recherches sur le sens du temps. Ces recherches font suite à celles de Kollert publiées dans le premier fascicule des Philosophische Studien qui avaient elles-mêmes pour but de vérifier celles de Vierordt. Celles-ci ne s’étendaient qu’à des intervalles de 0, 4 à 1, 5 secondes. L’auteur s’est proposé de rechercher les erreurs moyennes d’appréciation pour des intervalles d’une durée plus longue.