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avec lui. Comme conclusion, le déterminisme avec responsabilité est contradictoire ; le déterminisme sans responsabilité est possible aussi bien qu’un indéterminisme relatif. Mais il est impossible de faire un choix scientifique entre ces deux possibilités.

Tout ce chapitre est d’une très haute valeur et je me permets de le signaler à l’éminent penseur qui a récemment terminé dans ce recueil une campagne si brillante en faveur du déterminisme ; peut-être conviendra-t-il que la question n’est pas encore épuisée.

Revenons à la connaissance empirique dans les sciences de la nature. Le principe de causalité, par opposition aux propositions logiques où mathématiques, peut être considéré comme un apriorique d’une seconde espèce, et c’est en somme ainsi qu’il se présente pour le physicien. Ici commence une intéressante analyse de ce qu’on entend par causes des phénomènes. En thèse générale, là où l’identité ne semble pas subsister, le physicien introduit une cause, et la cause introduite est constamment telle qu’elle rétablit précisément l’identité. On peut dire dès lors que pour le physicien, le principe de causalité et le principe d’identité sont deux expressions d’une même pensée. Suit, pour confirmer cette remarque, une analyse du concept d’identité, la détermination de l’origine et du degré de la validité du principe d’identité appliqué aux phénomènes de la nature — « les choses doivent rester ce qu’elles sont » postulat identique au fond avec celui dela causalité, — et l’examen de l’application pratique des principes d’identité et de causalité.

L’expression « cause » paraît s’’employer dans des sens très vagues et très différents ; mais, au fond, son emploi est généralement, régulièrement fait en physique pour abréger pratiquement un ordre de pensées bien défini, qui est lié avec la succession des phénomènes dans le temps.

On demande si la cause est identique à l’effet, si la cause produit l’effet, ou bien si ce dernier se présente sans aucune dépendance, ou enfin si nous savons jusqu’à quel point existe ou non cette dépendance. On peut répondre affirmativement aux deux premières questions à la fois, à la condition de préciser rigoureusement ces expressions élastiques de cause et d’effet. Il s’agit en dernière analyse d’une identité qui se poursuit ; la démonstration est faite en prenant pour exemple le choc de deux corps.

Ce principe d’identité appliqué aux choses réelles est-il le seul dont on ait besoin pour parvenir à la connaissance de la vérité ? En d’autres termes, que faut-il penser de la pure physique de Kant ou des principes ordinaires de la mécanique et de la physique ?

Le principe de l’inertie n’est, aux yeux de M. Kroman, qu’une for-