REVUE GÉNÉRALE
THÉORIE DE LA CONNAISSANCE MATHÉMATIQUE
La théorie, ou, pour employer avec M. Cohen un terme plus purement kantiste, la critique de la connaissance comporte une partie qui concerne exclusivement les mathématiques, et l’importance de cette partie est capitale, eu égard au caractère comme à l’étendue de ces sciences considérées en elles-mêmes, eu égard d’un autre côté au rôle prépondérant qu’elles jouent dans toute connaissance de la nature, dès que cette connaissance acquiert un certain degré de précision. Malheureusement c’est un des sujets philosophiques les plus difficiles à traiter ; on doit éviter deux écueils, sur un ou l’autre desquels les habitudes d’esprit font presque fatalement dériver.
Leibniz a été le dernier penseur qui fût à la fois aussi grand comme mathématicien que comme philosophe ; l’invention du calcul différentiel a tellement développé le champ des mathématiques que désormais on ne peut espérer revoir une alliance aussi féconde ; la langue mathématique, qu’au xviie siècle comme au temps de Platon, tout honnête homme devait connaître, n’est plus intelligible que pour les adeptes, et d’autre part la langue philosophique n’est pas plus comprise désormais des mathématiciens.
Les errements habituels des purs philosophes, leur brièveté affectée, leur tendance à s’élever le plus tôt possible à des notions très