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Mon rôle de critique est terminé, et je n’ai pas la prétention d’aller plus loin. Si ces quelques pages peuvent exercer la moindre influence, je souhaite que ce soit pour le progrès de la science, non pour l’arrêt et la désespérance en face de problèmes qui, pour difficiles qu’ils soient, ne doivent pas être insolubles. Je ne puis que me borner à ce vœu, et n’ai même point, sur ce terrain de la psycho-physique, à prétendre seulement à l’application du vers classique :

… acutum
Reddere quæ valeat ferrum, exsors ipsa secandi.

À peine ai-je besoin d’ajouter que, quelque formel que soit mon jugement sur la portée véritable des travaux de Fechner, il n’attente en rien à la gloire de cet illustre savant. En pareille matière, le plus difficile est de frayer la première route et de reconnaître le terrain : c’est la tâche qu’il a accomplie, et l’équitable postérité ne l’oubliera point.


P. S. — Cet article était déjà à l’impression lorsqu’a paru dans les Philosophische Studien, publiées par W. Wundt (Bd. II, Heft 1), une étude assez étendue (36 pages) du savant psychophysicien : Sur la loi de Weber. Si je l’avais connue plus tôt, j’aurais sans doute été conduit à modifier quelque peu la forme donnée à plusieurs de mes objections pour tenir compte des réponses faites par M. Wundt à des objections analogues. Mais je n’aurais rien changé au fond de mon argumentation, et je ne crois pas indispensable de chercher à la compléter aujourd’hui. Je profiterai seulement de cette occasion pour essayer de caractériser la position spéciale que prend M. Wundt, le point de vue auquel il se place.

Il y a, d’après lui, trois manières d’entendre la loi de Weber ; l’une, à laquelle il maintient ce titre, peut se formuler ainsi :

La différence de deux excitations doit croître proportionnellement aux grandeurs des excitations, pour produire des différences sensationnelles également appréciables.

La formule mise sous le nom de Fechner est identique, sauf la substitution du mot égales aux mots également appréciables.

Enfin, dans la formule qui représente le sens donné par Hering à a loi de Weber pour la combattre, le dernier membre de phrase est : pour que les différences des excitations soient jugées également grandes.

Cette dernière formule est nécessairement fausse, quoique dans