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ne conduisent à aucune conclusion. Ni 32 ni 59 cerveaux ne sont des nombres suffisants. Il faut opérer sur des nombres beaucoup plus considérables. Le seul avantage de ces travaux, c’est qu’ils se contredisent ; nous sommes avertis par du peu de crédit qu’il faut leur accorder.

Seppili. L’hystéro-épilepsie chez l’homme.

Tant qu’on a considéré l’hystérie comme une affection dépendant d’une lésion organique de l’utérus ou d’un trouble fonctionnel de cet organe, on ne pouvait pas comprendre la possibilité de rencontrer cette maladie nerveuse chez l’homme. Mais cette théorie, vieille comme la médecine, est aujourd’hui fortement battue en brèche. Le nombre toujours croissant d’hystériques mâles qu’on observe prouve qu’il n’y a pas un rapport immédiat et nécessaire entre l’hystérie et l’utérus. Le Dr Seppili a réuni les cas de grande hystérie chez l’homme qui ont été recueillis par les journaux médicaux les plus récents. Dans tous ces cas, l’hystérie se présente avec un ensemble tellement complet de symptômes qu’il ne peut avoir de doute sur le diagnostic. L’accès convulsif débute, comme chez la femme, par la péri convulsions cloniques. On voit ensuite apparaître la période des grandsode épileptoïde : rigidité tonique, contracture, immobilité de tous les membres ; puis, mouvements, avec ses attitudes bizarres, ses mouvements rapides et ses contorsions, qui rappellent les exercices du clown ; fréquemment, le corps se met en arc de cercle. L’accès se termine par la période des attitudes passionnelles, dans laquelle l’individu traduit par ses gestes, ses paroles et l’expression de sa physionomie les hallucinations et les sentiments qui le dominent. La fin de l’accès est caractérisée par des plaintes, des pleurs ou du rire.

Les prodromes sont les mêmes que chez la femme ; on a observé très souvent des sensations subjectives à la gorge, qui font croire à la présence d’un objet empêchant la respiration et la déglutition (globe hystérique). On a aussi très souvent trouvé chez l’homme des zones hystérogènes, ces zones peu sensibles, sur lesquelles il suffit d’exercer une pression plus ou moins forte avec la main pour provoquer une attaque hystérique ; la compression du testicule, chez l’homme, qui correspond à la compression de la région ovarienne chez la femme, parait suffire dans quelques cas pour arrêter l’attaque. L’hémianesthésie, si fréquente chez la femme hystérique, existe chez l’homme avec des caractères identiques et peut donner lieu aux phénomènes du transfert ; en se servant de moyens convenables (aimants, courants continus, etc.), on a pu faire passer l’insensibilité d’une moitié du corps à l’autre moitié. Enfin les désordres de la motilité, qui sont si fréquents chez la femme dans l’hystérie grave, ne manquent pas davantage chez l’homme ce sont des contractures, des parésies, des paralysies, à forme de monoplégie, d’hémiplégie ou de paraplégie, qui ont pour caractère de paraître et de disparaître tout à coup. Les causes les plus légères, une émotion vive, par exemple, peuvent les faire naître ou les supprimer. Ces troubles moteurs ont souvent donné lieu à de graves