l’élan, la confiance, l’abandon de Marcel, tous ces sentiments en un mot qui, réunis et poussés à un certain degré, constituent l’extase ; en même temps qu’il conserve à cette phrase et par suite aux sentiments qu’elle exprime le caractère de la personnalité du vieux huguenot. Je ne voudrais pas affirmer que la mélodie en question ne peut absolument servir à exprimer que l’extase, mais on pourrait en dire autant de n’importe quelle mélodie et de n’importe quel sentiment défini, et il me parait qu’elle s’accorde mieux avec la situation qu’elle exprime qu’avec aucune autre.
M. Weber a intercalé dans son livre un chapitre sur la musique des vers. Ce chapitre est intéressant et renferme des vues ingénieuses et des détails curieux. Il présente da reste les caractères de l’ouvrage de M. Weber, ouvrage intéressant, mais incomplet et écourté. L’auteur, qui est un esprit fin, délicat, ingénieux, fort au courant de son sujet, au moins et surtout pour la partie musicale, dédaigne un peu trop la psychologie et les résultats de la physiologie et n’approfondit pas toujours assez les questions qu’il agite. Il nous prévient dans sa préface que son livre se compose d’articles de journaux retouchés et complétés. Quelques nouvelles retouches pourraient être utiles à une seconde édition ; mais, tel qu’il est, les psychologues peuvent lire le livre de M. Weber avec plaisir et profit.
Cesca (G.). Le theorie nativistiche e genetiche della localizzazione spaziale. Les théories nativistes et génétiques de la localisation dans l’espace. Essai critique, vi-156 p. in-8o . Drucker et Tedeschi, Vérone, Padoue, 1883.
M. Cesca a déjà donné sa mesure dans ses deux études sur le Nouveau Réalisme et sur l’Évolutionnisme d’Herbert Spencer. C’est un érudit de bonne trempe. Son nouveau livre est court, net et bien fait. Il a pour but de terminer, ou plutôt de bien poser le problème, que l’école rationaliste et l’école empirique ont essayé de résoudre, de la localisation des représentations dans l’espace. Quand nous aurons analysé ce solide travail avec toute l’attention qu’il mérite, nos lecteurs se diront sans doute que M. Cesca n’a pas fait œuvre vaine.
Dans sa courte introduction, l’auteur établit une recherche préliminaire sur l’idée de localisation dans l’espace ; il se demande ce qu’elle est en soi et en quelles autres elle est décomposable. « Toutes nos représentations, dit-il, s’ordonnent dans l’espace, et nous pouvons déterminer pour elles toutes la position du facteur objectif de la sensation qui les a produites. Nous déterminons cette position sur la superficie de notre corps, quand nous avons à faire aux sensations de pression ; au dehors de notre corps, quand il s’agit de toutes les autres sensations. Pour localiser dans l’espace la position d’une sensation
