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sulfureux. La sensibilité olfactive surpasse en finesse celle de tous les autres sens ; cependant la sensation de l’odeur, même provoquée par de forts excitants, s’accomplit en un temps plus long que celui qu’exigent, le goût excepté, les autres sensations spécifiques. Le fait tient à ce que les stimulants de l’odorat ont besoin d’un certain temps pour se répandre et exciter les terminaisons nerveuses : la structure anatomique de l’organe est telle aussi que l’impression ne peut agir immédiatement. Il y a ici, en outre, un élément externe à la perception ; il faut que le courant véhicule de la substance odorante soit en mouvement. Aussi tous les chiffres les plus élevés se rapportent-ils aux conditions spéciales de la respiration. La perception est beaucoup plus rapide dans le cas d’une inspiration énergique que dans celui d’un acte inspirateur produit avec calme.

E. Krœppelin. La faute et la peine. I : La conception scientifique de la faute. II. La conception scientifique de la peine. — I. Les actions individuelles ne sont par elles-mêmes ni morales ni immorales. Elles n’acquièrent l’une ou l’autre de ces qualités que relativement aux sentiments de plaisir ou de douleur qu’elles provoquent dans la société, Tous les rapports des hommes entre eux peuvent se développer en deux sens opposés, selon que prévalent en eux les sentiments de plaisir ou de douleur, ou, en d’autres termes, les sentiments amicaux ou hostiles. De la valeur sentimentale que toute action coupable, selon sa nature, doit avoir pour la personne lésée, dérivent et la conception et la mesure de la peine. Celle-ci a pour fondement l’instinct de la défense active. Dans le processus historique de cette idée nous trouvons, avec le sentiment heureux d’être débarrassé des sentiments pénibles de la haine, la jouissance de la sécurité et du triomphe de la personnalité, Destruction de l’adversaire odieux ; intervention de la société pour supprimer la vendetta en assurant une réparation pour le déplaisir subi, en même temps qu’une compensation pour le dommage irréparable ; recherche de l’action exercée sur le condamné par la peine ; l’idée de la réparation transformée en celle de tutelle et de sécurité future ; cette idée d’objective devenue subjective ; la responsabilité mesure de la répression ; par suite, le crime étudié dans ses causes psychologiques, la peine dans son efficacité variable suivant les individus et les circonstances ; à la correction, forme de la défense active, primée par l’intimidation, par la réhabilation sociale et morale du coupable, par le frein apporté aux motifs et aux instincts mauvais et par la force et l’encouragement apportés aux bons : tels sont les principaux stades que l’auteur de ces deux substantiels articles a marqués dans le développement-historique du système pénal,

G. Sergi. Sur la stratification du caractère et la criminalité. — Tout individu a un caractère constant, primitif, dépendant des conditions d’existence des milieux, physique et social, dans lesquels ont vécu ses ancêtres, et par conséquent des conditions organiques dont il a hérité. Ces conditions toujours changeantes ont fait subir au caractère