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coraux est bien connu : nous aurions souhaité d’apprendre quelle est le sens morphologique de ses parties molles, où réside la vie sociale. En général, il semble que dans toute colonie les parties communes, dès qu’elles deviennent le siège d’une circulation, ont un rôle considérable. C’est par là que les Coralliaires rachètent leur évidente infériorité par rapport aux Médusaires, au point de vue du consensus psychologique. Quand ils deviennent mobiles, ce réseau vasculaire permet aux individus composants de se grouper assez intimement pour former un nouvel individu. Chez plusieurs Madréporaires, comme chez les Alcyonnaires mobiles, la colonie, capable de locomotion, renonce à la disposition rameuse et revêt une forme personnelle analogue à celle d’un ver allongé ou d’un bonnet conique ; chez les Fongies, la colonie a la même forme que l’individu simple. M. Perrier, dont l’idée dominante est de rechercher l’individualité dans la vie collective, n’aurait-il pas dû insister un peu plus sur ces formes qu’il nous signale lui-même et sur la fonction centralisante qui les a rendues possibles ?

Ces réserves ou plutôt ces questions, que nous soumettons à l’éminent naturaliste, ne diminuent en rien la valeur des résultats qu’il nous présente. C’est une belle application de la méthode sociologique que cette réduction de trois types si dissemblables avec leurs innombrables variétés — les Polypes hydraires, les Siphonophores et les Coralliaires — à un type élémentaire déjà composé, l’hydre, d’après des lois applicables à toute l’échelle zoologique.

III

Bryozoaires, Tuniciers, Arthropodes, Annélides, Echinodermes, Mollusques et Vertébrés. — Jusqu’ici, sauf les Méduses et les Physophores, aucun agrégat n’a pu atteindre un haut degré d’individualité. C’est que, pour les animaux rayonnés comme pour les autres, la fixation au sol ou la reptation difficile est un obstacle absolu à l’individuation. Voilà pourquoi les éléments qui les constituent sont restés la plupart du temps à l’état de colonies. Le même processus va se poursuivre dans les animaux supérieurs. Tous sont les produits d’une répétition et d’une fusion d’éléments plus ou moins hautement organisés eux-mêmes ; cela est vrai des Arthropodes, des Mollusques et aussi des Vertébrés : M. Perrier a su le démontrer, nous allons dire comment. Mais auparavant traçons d’après lui, du