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A. ESPINAS. — études sociologiques en france

fiance de ses affirmations sur ce point a de quoi nous surprendre.

Quoi qu’il en soit, dès que le protoplasme revêt une forme globuleuse définie, son volume est extrêmement limité. Le fait est d’une généralité absolue. « Il semble qu’il y ait dans le protoplasme une sorte de centre d’attraction dont l’action est limitée à une certaine distance. » Dès qu’il atteint quelques dixièmes de millimètre de diamètre, la division de la sphère en deux autres se produit. L’auteur des Colonies animales a mis cette loi en pleine lumière. Là se trouve précisément la raison de l’universalité du fait social. Dans les deux règnes, végétal et animal, la vie ; n’a pu atteindre un accroissement notable que par la répétition indéfinie du thème fondamental, c’est-à-dire par l’agrégation d’une multitude sans nombre de ces mêmes éléments extrêmement petits, vrais types de l’individualité.

Mais, tels qu’ils sont au début, ils ne pourraient former les puissantes individualités des animaux supérieurs. Ils doivent, pour se prêter à la division du travail, qui est la loi de tout organisme quelque peu élevé dans l’échelle, atteindre eux-mêmes une plus haute différenciation. L’histoire de cette évolution par laquelle la monère s’élève à la dignité d’une cellule pourvue d’un noyau et d’une v cule contractile a été retracée par M. Perrier avec un luxe de description, une précision de détail, une fécondité d’aperçus qui rend la lecture de ces premiers chapitres extrêmement attrayante. On sait que, parmi ces animaux inférieurs que la biologie récente appelle les protozoaires, les uns restent isolés, les autres s’agrègent en masses relativement volumineuses. Ce sont d’abord les Protogènes et les Protamœbes, parmi lesquels quelques espèces sociales ont été observées. Les Myxodictyum sociale et la Monobia confluens, premiers essais de groupement voisins des amas réticulés de protaplasme, tels que le Bathybius, présentent une individualité encore douteuse ; cependant ils nous semblent s’élever sans doute possible, quoi qu’en pense M. Perrier (p. 66 et 78), au-dessus de ceux-ci, étant composés d’éléments déjà distincts. Si le Protobathybius et le Bathybius étaient « de simples colonies de monères », on ne voit pas pourquoi les monères qui les composent auraient subi cette régression. L’idée préconçue sur l’origine de la vie que nous exposions tout à l’heure offusque ici son jugement et lui fait oublier cette loi fondamentale qu’en l’absence de conditions toutes spéciales, comme celles de la vie parasitaire, ce n’est pas l’être plus simple qui dérive de l’être complexe, ni la forme ambiguë qui dérive de la mieux définie. — Viennent ensuite les monères à pseudopodes filamenteux et délicats (Vampyrella protomonas), qui se reproduisent non plus par scissiparité, mais au moyen de zoospores. Point de trace de vie sociale