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G. SÉAILLES. — les méthodes psychologiques

ses parties élémentaires (spectroscope, polariscope). L’analyse subjective du son par exemple grossit un des éléments de la perception et tour à tour isole ainsi chacun de ses éléments. Le mode de division change quand on étudie les perceptions d’espace, dont les sensations élémentaires ne diffèrent pas de qualité. Comme il s’agit seulement ici de mesurer des quantités, de chercher la plus petite grandeur extensive, dont le discernement est appréciable à la conscience, de déterminer « le seuil d’excitation », le seuil de différence, la méthode de division se ramène à la méthode psycho-physique proprement dite.

D’une façon générale, la méthode de variation consiste à modifier les conditions sous lesquelles se présente une perception. Cette méthode comprend trois procédés : on modifie les conditions subjectives, on modifie les conditions objectives, on combine les deux procédés. Le premier procédé consiste à modifier les conditions subjectives sans modifier l’objet de la perception : par exemple, on fait agir une excitation de quantité constante sur les diverses parties de la peau ; on fait agir un même bruit sur l’oreille droite, sur l’oreille gauche, sur les deux oreilles à la fois ; on compare les actions d’une même impression lumineuse dans la vision directe, dans la vision indirecte, dans les divers points du champ de la vision indirecte. Le second procédé consiste, les conditions subjectives restant les mêmes, à modifier les conditions objectives et à étudier les changements correspondants de la perception. On arrive ainsi à diviser un acte de perception en ses sensations élémentaires. On constate par exemple que le « seuil de différence » des sensations musculaires de l’œil et le « seuil de différence » des représentations de grandeur extensive par la vue coïncident, qu’en d’autres termes plus est délicate la sensibilité musculaire de l’œil plus est précise la perception des grandeurs dans l’espace : il est facile d’en conclure que les sensations musculaires de l’œil sont des éléments essentiels de l’appréciation de la distance. À ce procédé se rattachent une foule d’expériences très importantes pour l’analyse des perceptions complexes. Il suffit de rappeler les expériences sur les illusions normales de la vue : nous regardons le même espace vide ou plein, deux lignes égales dont l’une est divisée ; nous construisons des figures dans des conditions telles qu’elles causent des illusions sur la distance des points, sur la direction des lignes, sur la profondeur des objets. D’un mot, en faisant varier les conditions objectives, nous modifions la perception et du rapport entre les illusions produites et leurs causes, nous pouvons tirer des conclusions sur les sensations élémentaires, que les illusions révèlent en les grossissant, Le troisième procédé n’est que la