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qu’on ne le croit généralement ; il y a des cas où les conditions subjectives de la sensation (Empfindlichkeit) rendent inapplicables les deux autres méthodes ; enfin on n’est pas d’accord sur l’interprétation des résultats obtenus par les deux autres méthodes, qui dès lors ont besoin d’être soumises à une épreuve préalable et justifiées par l’expérience,

« La méthode des plus petites différences perceptibles ou mieux des changements minima de la sensation » comprend deux procédés qui se complètent. « On fait croître d’une façon continue une excitation ou une différence d’excitation imperceptible, jusqu’à ce qu’elle dépasse le « seuil » de la conscience (le minimum perceptible) ; de même, on diminue progressivement une excitation ou une différence d’excitation qui dépasse « le seuil » de la sensation jusqu’à ce qu’elle cesse d’être perceptible. La moyenne entre les deux quantités obtenues donne « le seuil » d’excitation ou le seuil de différence (Unterschiedschwelle), c’est-à-dire la plus petite excitation ou la plus petite différence d’excitation appréciable à la conscience. Le premier avantage de cette méthode, jusqu’ici reléguée au dernier rang, c’est qu’elle est directe, c’est qu’elle donne une réponse immédiate à la question posée et n’exige pas des interprétations contestables. Mais ce qui lui donne une valeur particulière, c’est que dans un grand nombre de cas elle est seule applicable.

La méthode des erreurs moyennes[1] est beaucoup moins exacte que la méthode des cas vrais et faux, et toutes les objections qu’on peut faire à la seconde valent contre la première ; pour prouver la supériorité de la méthode des plus petites différences perceptibles, il suffit donc de la comparer à la méthode des cas vrais et faux. Celle-ci se ramène au procédé suivant : une excitation R est comparée dans un très grand nombre d’observations avec d’autres excitations R + D, R + D…. les excitations additionnelles D, D, sont choisies assez petites pour qu’il y ait des appréciations justes, fausses et douteuses. D’après G.-E. Müller, D doit être choisi de façon que le rapport des cas justes au nombre total des cas approche de Toute méthode psycho-

  1. « La troisième méthode (der mittleren Fehler) consiste d’abord à prendre un poids normal A, bien déterminé à l’aide de la balance. Puis on cherche à dèterminer, par le seul jugement qui accompagne la sensation, un autre poids B qui paraisse égal à A. En général le second poids diffère du premier d’une quantité d qui est d’autant plus petite que la sensibilité est plus grande. On répète cet essai un grand nombre de fois ; on ajoute les erreurs positives et les erreurs négatives, abstraction faite des signes, on divise le total par le nombre des essais et on obtient ainsi l’erreur moyenne. » (Th. Ribot, Psych. allem. p. 170.)