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CH. SÉCRÉTAN. — du principe de la morale

vitable passage par lequel l’unité primitive, substantielle, inconsciente, inadéquate de l’être virtuellement libre qui doit mettre au jour sa liberté, arrive à l’unité consciente, lumineuse, volontaire, bien heureuse, adéquate à son essence, dans la réciprocité du bon vouloir.

Ceci n’est peut-être qu’une fantaisie, dont chacun fera ce qu’il lui plaira. Ni la science ni la morale n’ont besoin d’une doctrine de la substance. Que l’unité d’amour où la bonté gravite soit ou non l’accomplissement de la substance et sa révélation, il reste que la bonté tend à la produire, et par conséquent que la contradiction signalée entre la liberté personnelle et l’unité de l’humanité n’est qu’une contradiction apparente, puisqu’un penchant essentiel de l’être moral tend à la résoudre. Pour réaliser l’unité de l’espèce par la liberté des individus, il suffirait que ceux-ci voulussent constamment ce qu’un certain nombre d’entre eux veulent quelquefois.

L’objection la plus puissante étant levée, nous pouvons maintenir le précepte fondamental de notre morale. « Agis librement comme partie d’un tout solidaire. » Ainsi qu’on l’a déjà marqué, ce principe n’a besoin pour s’établir que des évidences immédiates, de la simple logique et d’une expérience assez facile à vérifier. Résumons en quelques mots la manière dont nous l’avons obtenu.

Charles Sécrétan.
(La fin prochainement.)