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. » Il n’est pas moins permis aux mathématiciens de définir des systèmes différents de coordonnées, et, par suite, de démontrer la possibilité de concevoir l’espace à dimensions. Mais il reste toujour, comme Liebmann, après Lotze et Wundt et Ulrici et Fortlage, le prouve victorieusement, que ces concepts logiques échappent à l’intuition sensible : et que l’esthétique transcendantale de Kant n’a rien à redouter des inventions de la métagéométrie.

Edmund Pfleiderer : Criticisme kantien et philosophie anglaise (2e article). La philosophie pratique de Kant, par son rationalisme trop exclusivement formel, par les contradictions impliquées dans sa théorie des postulats, a plus de peine à se défendre contre les adversaires que sa philosophie théorique. Elle a d’ailleurs été moins attentivement étudiée que cette dernière, et Pfleiderer regrette de ne pouvoir s’aider, pour le commentaire critique qu’il se propose d’en faire, que du livre de A. Dorner, Les principes de l’éthique Kantienne, Halle, 1875. Pfleiderer espère néanmoins réussir à démontrer que les principes essentiels de la doctrine pratique de Kant défient les objections et se prêtent aisément aux corrections nécessaires. Les défauts qu’elle présente trouvent en grande partie leur explication dans l’éducation piétiste et les préoccupations morales du philosophe. En tout cas, les théories des penseurs anglais, et de Hume tout particulièrement, que Gizycki préfère résolument, sont bien moins profondes, bien moins élevées, bien moins conséquentes que celles de Kant. Pfleiderer renvoie à son récent opuscule sur L’eudémonisme et l’égoïsme pour le complément des indications. On y trouvera une théorie du pur amour, considéré comme principe moral, qui rétablit le sentiment dans ses droits trop méconnus par Kant.

Hassbach : Les rapports de l’esthétique de Schopenhauer à celle de Platon (2o article). Platon et Schopenhauer regardent la faculté créatrice du poète et de l’artiste comme absolument étrangère ou plutôt supérieure aux procédés de l’habileté et de la réflexion, comme un pur don des dieux, que tout l’effort de la volonté ne saurait remplacer. Mais Platon n’accorde l’inspiration véritable qu’au génie créateur ; Schopenhauer, qui fait de l’affranchissement de l’entendement à l’égard des catégories de la réalité sensible, la manifestation essentielle de l’inspiration poétique, n’hésite pas à rapprocher l’âme qui engendre l’œuvre esthétique et celle qui jouit simplement de la beauté. Platon connaît mieux l’essence de l’art ; Schopenhauer en analyse mieux la technique. Malgré les précieuses vérités qu’elle contient, sa doctrine est paradoxale au suprême degré. « Elle part de l’idée pour aboutir au culte des choses matérielles. Elle veut conduire à l’idéalisme et n’exalte que le naturalisme. Elle professe le néant du monde et s’oublie dans la contemplation des choses sensibles, »

Georges Runze : Exposé critique de l’histoire de l’argument ontologique depuis saint Anselme (1er article). Nous ne possédons pas encore une histoire complète et critique de l’argument ontologique. Nous avons