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PÉRIODIQUES.Vierteljahrssclerift für Philosophie.

sub specic æternitatis, comme l’entend Spinoza. Il ne reste pas moins permis de parler de l’immortalité et de Dieu au sens traditionnel du spiritualisme philosophique ou religieux, comme de symboles propres à traduire, pour la conscience et le cœur, ce qui échappe à la prise de la science, à savoir l’éternité, l’unité, la perfection de l’être absolu. Ainsi s’alimente le sentiment religieux, qui tient une si grande place dans les destinées des peuples, mais dont l’État doit s’interdire de surveiller et de diriger le développement. Paulsen ne se contente pas de transformer, par son libre commentaire, la doctrine kantienne des postulats : il n’hésite pas à déclarer que le rationalisme formel de la Critique de la raison pure ne saurait être maintenu sans d’importantes modifications. Il n’admet pas qu’il y ait, comme le veut Kant, une différence absolue entre les jugements à priori et les jugements à posteriori. « Toutes les lois de la nature sont à priori, car elles sont toutes des fonctions de l’entendement et ont été créées par lui pour servir à son besoin de comprendre les phénomènes ; d’un autre côté, elles sont toutes à posteriori, car l’esprit ne les produit qu’au contact de la sensation et toutes sont démontrées par les mêmes procédés que décrit la logique de l’induction et de la déduction. » En un mot, « il n’y a aucun point absolument fixe » dans la connaissance ; et rien ne nous prouve que les progrès futurs de notre expérience ne nous obligeront pas « de modifier la loi de la causalité. » La morale de Kant prête aussi à de graves critiques : son formalisme abstrait, en écartant absolument le sentiment comme un élément empirique, étranger, contraire même à la moralité, ne nous laisse plus aucun moyen de mesurer la valeur différente des actes. L’intention ne suffit pas à les apprécier : il faut aussi tenir compte des conséquences. Comment nous prononcer autrement sur la conduite de certains inquisiteurs ?

Sigwart : Questions logiques (2e partie).

Le second article de Sigwart est consacré à la logique de Bergmann. Il reproche à ce dernier de ne le critiquer d’ordinaire, que parce qu’il ne s’est pas donné la peine de le bien entendre ; et ne voit guère qu’un seul point, la théorie du jugement hypothétique, sur lequel l’argumentation de son adversaire lui paraisse acceptable.

Marty : La question du développement historique du sens de la couleur (Vienne, Gerold, 1879).

Le livre de Marty est un exposé clair et précis des objections qui peuvent être dirigées contre l’application de la théorie évolutioniste au sens des couleurs. Il n’est pas vrai, selon Marty, que l’œil humain ait commencé par percevoir des différences dans l’intensité de la lumière, avant d’être capable de discerner les couleurs ni que les diverses couleurs aient été successivement perçues dans l’ordre du spectre, le rouge d’abord et en dernier lieu le violet. Ni l’étude des animaux, ni celle des races inférieures de l’humanité, ni l’examen des œuvres d’art des peuples les plus reculés ne justifient l’hypothèse d’une évolution quelconque des sensations de couleur.