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appétits, rapporté la classification des passions de Bossuet, et tiré de tout cela quelque conclusion morale ou édifiante[1], ils avaient donné le dernier mot de la psychologie sur les phénomènes de sensibilité. Ils comprenaient même souvent sous ce titre l’étude des sensations comme phénomène de connaissance, ce qui impliquait une erreur capitale sur la nature même des phénomènes étudiés. Le traité de M. Sergi appartient évidemment à une époque scientifique tout autre ; on s’aperçoit en le lisant qu’une révolution s’est faite dans la psychologie depuis les travaux de l’école anglaise, ceux du regretté Dumont et de M. Bouillier, en ce qui concerne la connaissance des phénomènes affectifs de la nature humaine. Il commence par donner une exacte caractéristique des faits de cette classe, en rappelant que dans la sensation le troisième élément, la tonalité, en est le trait essentiel. Il cherche ensuite la nature du plaisir et de la douleur ; il discute les principales théories émises à ce sujet, compare les sentiments au point de vue de leur intensité et de leur durée apparente, discute les rapports du sentiment et de la représentation, et montre l’évolution du sentiment dans l’humanité. La classification des sentiments, accompagnée de l’étude successive des sentiments individuels, individuels-sociaux et sociaux, occupe près de cinquante pages des plus pleines et instructives mais ce qui est absolument nouveau, c’est le chapitre qui suit sur les sentiments esthétiques (p. 499-546) nous ne pouvons en donner une idée plus exacte qu’en reproduisant ici le sommaire tout entier :

Chapitre VIe siècle. Sentiments esthétiques.
Principe dominant : absence d’utilité. — Simulation des actes utiles. Mouvements musculaires. — Chez les animaux. — Chez l’homme. — La danse représente deux faits, la lutte et la victoire sur les hommes, et l’amour sexuel avec ses luttes et ses victoires. — L’union de la danse au culte est postérieure. — La danse dans l’antiquité et chez les sauvages actuels. — La musique dans ses origines est une imitation et une simulation de la voix humaine. — Spencer. — Darwin. — Expression des sentiments et relations sexuelles. — Union de la musique avec la danse. — Chants épiques et lyriques. — Objectivement, le sentiment esthétique du son est dépendant des conditions physiques de la sensation. — Harmonie et mélodie. — La dissonance dans son rapport au mode sensationnel d’excitation. — L’influe dans la musique. — Poésie. — Ce qu’elle a de commun avec la musique. — Évolution dans la succession des événements. — Le caractère. — Comment les représentations émouvantes peuvent être agréables. — Le risible. — Sentiments esthétiques par la vision. — Les bases en sont les couleurs et les formes. Influence organique de la couleur. — Évolution de la sensation des couleurs spectrales. — Mouvements pour la représentation de la forme. — Plaisirs des mouvements oculaires. — Proportion et beauté dépendant des mouvements oculaires. — Combinaison des mouvements oculaires
  1. Un manuel dont la quinzième édition a paru en 1875 conclut une étude en huit pages de la sensibilité par cette réflexion que les instincts pervers de l’homme témoignent de notre déchéance originelle. Sur les huit pages, deux sont consacrées à la perception, fait intellectuel.