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spencer. — des gouvernements composés.

c’est qu’elles se passèrent d’une manière semblable, bien qu’un peu différente, à une époque postérieure, à Florence, quand les nobles usurpateurs furent renversés. Des documents précis nous apprennent qu’en 1850 « les citoyens s’assemblèrent sur la place de Santa-Croce, qu’ils se divisèrent en cinquante groupes, chacun sous un capitaine, et qu’ils formèrent ainsi des compagnies de milice ; le conseil de ces officiers fut l’autorité primitive de la république restaurée. » Evidemment cette souveraineté du peuple, qui pendant quelque temps fut le caractère de ces petits Etats, prendrait inévitablement naissance si la forme politique naissait de l’assemblée publique primitive ; au contraire, il est peu probable qu’elle se fût produite, si le régime politique avait été conçu artificiellement par une classe fermée.

Il n’est guère besoin de faire voir que cette interprétation est en harmonie avec les faits de l’histoire moderne. Sur une échelle immensément plus grande et par des moyens diversement modifiés, l’une par la chute lente d’un régime ancien, et l’autre par l’effet d’une confédération en vue de la guerre, la première république française et la république américaine nous ont pareillement montré cette tendance au retour à la forme primitive d’organisation politique, lorsqu’un gouvernement en ruine, ou réduit à l’incapacité pour d’autres motifs, se trouve détruit. À travers l’obscurité que jettent sur ces transformations les circonstances et les incidents spéciaux qui viennent les compliquer, on y peut reconnaître le jeu des mêmes causes générales.

Dans le dernier chapitre, nous avons vu que, selon le sens des conditions. le premier élément de la structure politique triple et une peut se différencier plus ou moins du second, depuis le chef guerrier qui s’élève faiblement au-dessus des autres guerriers, jusqu’au roi d’essence divine et d’autorité absolue, qui se distingue profondément l’élite qui l’entoure. Les exemples précédents nous ont montré que le second élément, selon le sens des conditions, se différencie diversement du troisième : à une extrémité, la séparation consiste en une distinction qualitative très accusée, qui oppose aux deux groupes une barrière infranchissable ; à l’autre extrémité, les deux groupes sont presque confondus.

Ceci nous amène à reconnaître que les conditions ne déterminent pas seulement les diverses formes que prennent les gouvernements composés, mais qu’elles déterminent les divers changements qu’ils subissent. Ces changements sont de deux genres principaux, ceux par où un gouvernement composé passe pour arriver à une forme moins populaire, et ceux qui le conduisent à une forme plus populaire. Nous allons les passer en revue dans cet ordre.

La concentration progressive du gouvernement composé est l’un