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spencer. — des gouvernements composés.

Qu’arrive-t-il quand un groupe de clans issus d’une même origine, devenus indépendants et ennemis, se trouvent menacés par des ennemis auxquels aucune parenté ne les lie ou auxquels ils ne tiennent que par une parenté éloignée ? Habituellement ils mettent de côté leurs différends et concourent à la défense commune. Mais à quelles conditions concourent-ils ? Même entre des groupes amis, l’action combinée rencontrerait des obstacles si l’un d’eux prétendait à la suprématie ; à plus forte raison, entre les groupes divisés par des querelles non vidées, il ne saurait y avoir une action combinée que sur le pied d’égalité. La défense commune serait donc dirigée par un corps composé des chefs des petites sociétés coopérantes ; et, si la coopération pour la défense se prolonge et se change par le succès en coopération pour l’attaque, ce corps gouvernant temporaire peut devenir un corps permanent servant de lien aux petites sociétés. Les caractères spéciaux de cette autorité composée varieront naturellement avec les circonstances. Lorsque les traditions des clans unis s’accordent à reconnaître un chef comme le représentant en ligne directe du patriarche ou héros primitif d’où le clan est issu, on lui accorde le premier rang et une autorité exceptionnelle. Lorsque les droits, tirés de la filiation sont contestés, la supériorité personnelle ou l’élection déterminent quel sera le membre du clan qui prendra la direction. Si, dans chacun des groupes composant la confédération, le pouvoir des chefs est sans limite, l’union de ces chefs donnera lieu à une oligarchie fermée l’oligarchie sera d’autant moins fermée que l’on reconnaîtra moins l’autorité de chaque chef d’après la proximité de sa parenté avec l’ancêtre divin ou demi-divin. Enfin, lorsque de nombreux étrangers sont admis dans la société, qui ne doivent allégeance au chef d’aucun des

    maient les comtés de Moray, de Buchan, d’Athol, d’Angus, de Menteith, se divisèrent en clans, et ce qui montre bien l’influence que la nature du sol exerça sur ce résultat, c’est que ce changement se produisit dans les parties de ces comtés qui rentraient dans la région des montagnes. Il en résulta des groupes plus petits. « Le clan, dit M. Skene, considéré comme une société isolée, se composait du chef entouré de ses parents à certains degrés déterminés de parenté ; la masse, qui n’était pas du même sang que le chef, où tout le monde portait le même nom, avec les individus assujettis, c’est-à-dire des groupes d’indigènes qui ne prétendaient pas appartenir au sang du chef, mais qui descendaient probablement des anciens possesseurs du sol ou d’émigrés détaches d’autres clans, qui étaient venus se placer sous la protection de celui-ci… Ces parents du chef qui acquirent la propriété de leur terre fondèrent des familles. La plus influente d’entre elles était celle du plus ancien cadet de la famille qui s’était séparé depuis le plus long temps de la branche principale et qui dirait d’ordinaire l’apparence d’une maison rivale à peine moins puissante que celle du chef.»