Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 11.djvu/507

503

charpentier. — philosophes contemporains

à mettre en évidence cette action de la terre par des expériences comparatives convenablement conduites.

M. Cournot dit à son tour : Pour tirer du fait en question une véritable loi, il faut faire varier le temps et mesurer les espaces correspondants. On construira le tableau suivant :

Temps.	Espaces.
1 sec.	4m,90
2 sec.	19m,62
3 sec.	44m,14
4 sec.	78m,47
5 sec.	122m,62

Il s’agit maintenant de trouver une liaison mathématique qui permette, étant donné un nombre quelconque de la première colonne, de trouver le nombre correspondant de la seconde. L’induction consiste à découvrir par des raisonnements convenables que :

Temps.	Espaces.
1	4,90 = 4,90 ⨉ 22
2	19,62 = 4,90 ⨉ 22
3	44m,14 = 4,90 ⨉ 32
4	78m,47 = 4,90 ⨉ 42
5	122m,62 = 5,90 ⨉ 22

En sorte que tout nombre de la seconde colonne égale le nombre constant 4,90 multiplié par le carré du nombre correspondant de la première colonne. Etendez cette remarque même aux cas où vous n’avez pas fait d’observation en sorte que, un espace quelconque étant $e$ et le temps correspondant $t$, vous ayez :

$e=4{,}90\ t^{2}.$

Cette équation exprime la loi que vous cherchez.

L’histoire, la tradition des grands physiciens paraissent parfaitement d’accord avec la théorie de M. Cournot.

Pour Galilée, la loi de la chute des corps se formule ainsi Les espaces parcourus par les corps qui tombent sont entre eux comme les carrés des temps employés pour les parcourir. Tout le mérite de son invention a consisté dans la découverte des combinaisons expérimentales et des artifices de raisonnement qui ont rendu possible d’abord la mesure des hauteurs de chute correspondantes à des temps déterminés, ensuite l’expression de la loi mathématique qui lie entre elles les deux quantités correspondantes de temps et d’espace.

Descartes entend par loi de la réfraction la relation mathématique qui lie deux angles correspondants d’incidence et de réfraction, rela-