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darmesteter. — les cosmogonies aryennes

le dieu amant devenu dieu-amour fournit à la cosmogonie un principe nouveau tout abstrait d’apparence et la lance dans les voies métaphysiques. Le dernier principe enfin, la lutte, est l’expression le dieu amant devenu dieu-amour fournit à la cosmogonie un principe nouveau tout abstrait d’apparence et la lance dans les voies métaphysiques. Le dernier principe enfin, la lutte, est l’expression directe du mythe primitif.

Tous ces éléments cosmologiques étaient déjà définis dans la période de l’unité indo-européenne les rapports frappants des deux cosmologies, grecque et indoue, sont trop précis pour être le fruit du hasard et trop particuliers pour être le fruit de développements identiques, mais indépendants. Quant à l’hypothèse d’un emprunt de la Grèce à l’Inde, l’idée n’en viendra à personne ni Homère, ni Hésiode, ni Aristophane n’ont appris des Védas que l’Océan, que la Nuit, que l’Amour, que la Lutte, sont à l’origine des choses le système même de l’œuf cosmique, quoiqu’il n’apparaisse entièrement formé que dans les Orphiques, est aussi ancien que les autres, et c’est dans l’œuf qu’Aristophane fait germer l’amour créateur[1].

Les ancêtres de la race aryenne possédaient donc déjà ces sept formules, différentes de forme, identiques de sens : le monde est né des eaux, le monde est né de la nuit, le monde est né de la lumière, le monde est né de l’œuf, le monde est né de l’arbre, le monde est né de l’amour, le monde est né de la lutte.

Chapitre IV

Cosmologies de Perse et de Scandinavie.

§ 20. Caractère des cosmologies persanes. — § 21. L’eau et le feu. — § 21 bis. Hippon, Héraclite. — § 22. La nuit. — § 23. L’amour. — § 24. L’œuf cosmique. — § 26 et 27. Cosmologies scandinaves l’eau et le feu, l’arbre.


§ 20. La religion de la Perse, le Dualisme ou Mazdéisme, a fait subir des modifications profondes aux vieilles croyances indo-européennes. Elle a coordonné d’une façon systématique et nouvelle les éléments légués par la période antérieure en séparant d’une façon tranchée le monde et les dieux en deux camps, celui de la lumière et celui des ténèbres, du bien et du mal. Deux principes suprêmes et primitifs, lumière et ténèbres ; deux êtres suprêmes incarnant ces deux principes, Ormazd et Ahriman : ces deux êtres créent, chacun

  1. On peut suivre cette forme cosmologique jusqu’au siècle de Solon si la cosmogonie prêtée à Epiménide est authentique, ce qui semble le cas : au début, l’Air (l’Atmosphère) et la Nuit (ἀέρα καὶ νύκτα) de là, par deux intermédiaires mal définis, l’œuf d’où sortent les créatures (ὧν μιχθέντων ἀλλήλοις ὤον γενέσθαι… ἐξ οὗ πάλιν ἄλλην γενέαν προσελθεῖν) ; Damascius, De primis princip., § 124).