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PÉRIODIQUES.Philosophische Monatschefte.

ferait mieux de revenir à la philosophie de Kant et aux doctrines qu’elle a inspirées aux trois grands maîtres de la spéculation idéaliste.

Xe Livraison.

Aug. Stadler : La de la continuité chex Kant.

Une des théories les plus difticiles à entendre, que présente l’œuvre de Kant, est sa doctrine sur le principe de la continuité. Après avoir commencé par le rejeter dans son Neuer Lehrbegriff der Bewegung und Ruhe (1758), il le reprend dans la Critique de la raison pure, alors qu’il croit pouvoir mieux le défendre à l’aide de sa nouvelle conception de l’infini mathématique.

Il y revient dans les Principes métaphysiques de la science de la nature, mais pour en modifier la formule et la démonstration. Ces incertitudes et ces contradictions dans la pensée de Kant trahissent l’insuffisance de sa théorie. Stadler s’attache à prouver que les découvertes de la physique moderne ont seules permis la solution des difficultés qui embarrassaient le génie du philosophe critique.

Robert Adamson : Ueber Kant’s Philosophie. Traduit de. l’anglais par Schaarschmidt. Leipzig, Koschny. 1880.

Adamson est un adversaire déclaré du positivisme et du relativisme anglais, et se rallie expressément à la doctrine critique des catégories. Il montre bien que la spéculation métaphysique ne vaut qu’autant qu’elle repose sur une théorie approfondie de la connaissance. La philosophie de Kant lui parait être surtout une philosophie pratique, où la critique est subordonnée à la morale. L’idée de la liberté est, à ses yeux comme à ceux de Schaarschmidt, le principe intime et dominant du criticisme. Mais il a le tort de confondre, en certains endroits, la raison théorique et la raison pratique, et de croire qu’on trouve chez Kant une théorie métaphysique, arrêtée et complète, du noumène. D’un autre côté, il n’insiste pas suffisamment sur les principes de la théorie de la connaissance.

Volkelt : Kant’s Erkenntnisstheorie. Leipzig, 1879.

Ce livre témoigne d’une exacte connaissance de tout ce qui s’est écrit sur cet important et difficile sujet, depuis une vingtaine d’années.

L’idée qui domine l’ouvrage, c’est que la plupart des commentateurs de Kant ont voulu donner trop de simplicité et d’unité à sa doctrine. Ils ont oublié que les tendances et les principes les plus divers s’y rencontrent, et qu’elle n’échappe ni à l’incertitude ni même à la contradiction. Volkeit envisage la théorie kantienne de la connaissance sous quatre points de vue, qui répondent aux directions suivies tour à tour par la pensée du philosophe : le scepticisme absolu, le subjectivisme exclusif, le rationalisme métaphysique et le rationalisme immanent. Ce mélange de principes hétérogènes fait que la théorie de la chose en