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objet l’association des états de conscience, considérés quant à la durée. Nous ne donnerons encore ici que les résultats les plus simples.

Ils montrent que le temps nécessaire pour l’association est beaucoup plus long que le temps qui suffit pour distinguer entre deux mots ; il est presque égal à celui que nous avons indiqué plus haut pour les représentations composées de 4 à 6 chiffres. On peut considérer comme la durée moyenne d’une association. Les expériences faites sur quatre sujets différents ont donné les nombres suivants 0, 752 ; 0, 723 ; 0, 874 ; 0, 706,

Distinguons, dit M. Wundt, les associations en trois classes : 1o les associations de mots : ex. Sturm, Sturmwind ; 2o les associations extérieures, c’est-à-dire où les idées ont entre elles un rapport extérieur ex. maison, fenêtre ; 3o les associations intérieures, ou l’idée en évoque une autre ayant avec elle un rapport de dépendance, de subordination, etc., ex. chien et carnassier. Voici les résultats pour ces trois classes :

Assoc. mots. Assoc. externe. Assoc. interne.
1 ….. 0, 737 0, 810 0, 730
2 ….. 0, 762 0, 701 0, 691
3 ….. 0, 977 0, 710 0, 861
4 ….. 0, 623 0, 864 0, 687

On peut remarquer que, chez l’observateur No 3, l’association des mots demande beaucoup plus de temps ; ce qui l’explique, c’est que, étant d’origine étrangère, il a moins l’habitude de la langue allemande. Elle se fait au contraire très rapidement chez l’observateur No 4, qui n’est autre que M. Wundt. « L’habitude que j’ai d’exposer mes idées oralement, dit l’auteur, donne une plus grande rapidité à ce mode d’association et à l’association interne. »

Il faut encore plus de temps lorsque, au lieu de se borner à susciter une association quelconque, on lui impose une forme logique, même très simple, celle d’un jugement. Quand au mot suscité on doit joindre un prédicat convenable, l’opération demande en moyenne 1/10 de seconde de plus que pour une association qui se présente d’elle-même. D’ailleurs dans ce cas les variations sont très grandes-. S’il s’agit de choses habituelles, l’opération est très rapide, parce qu’en fait c’est un cas de simple association. Dans les autres cas, on a conscience de plusieurs associations, parmi lesquelles le prédicat convenable doit être choisi. Plus ce choix est difficile, plus la durée est longue. À cet égard, on peut distinguer trois classes de jugement :

1o Ceux qui trouvent immédiatement une espèce a laquelle ils se rapportent chien, village, etc.

2oCeux qui expriment certains états qui doivent être rapportés à quelque représentation extérieure ex. inquiétude, paralysé, etc. Le temps est en moyenne plus long.

3o Les mots exprimant des abstractions, comme force, rétribution, garantie, etc. Ici, le temps est beaucoup plus long, à cause de la