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j. delbœuf. — le dernier livre de g. h. lewes

fibre motrice reliées par une ou deux cellules ganglionnaires. Mais gardons-nous d’oublier que ce dernier schème suppose déjà une division du travail très avancée, et que dans les protistes on ne peut distinguer ni fibres, ni éléments sensibles, ni éléments moteurs. Si donc, plus tard, de pareils éléments se sont formés, ils ne peuvent pas avoir perdu toute trace de leur origine, et, par conséquent, on ne doit pas dépouiller la fibre sensitive de toute fonction motrice, ni la fibre motrice de toute sensibilité. Je n’en dis pas davantage, de peur de m’égarer dans mes conjectures.

IV


Nous voici arrivé au quatrième problème. On sait que ce n’est qu’un fragment d’une cinquantaine de pages. Les cinq ou six chapitres dont il se compose sont éminemment suggestifs, mais il est difficile d’en faire l’analyse, par cela même que les idées qu’on y trouve semées, ne sont pas accompagnées de tous les développements désirables. Nous avons vu que les pensées et les sensations ne sont que des modes d’une même activité, et qu’il n’y a entre les unes et les autres aucune différence si ce n’est celle qui sépare des images des objets présents les représentations et les symboles. C’est le facteur social qui a élevé l’animalité jusqu’à l’humanité et qui transforme le monde sensible en monde idéal, la connaissance en science. l’émotion en sentiment, l’appétit en moralité.

Dans les images déjà se montre visiblement le côté subjectif des phénomènes mentaux. Personne ne méconnaîtra la continuité qui relie l’arrière-sensation à la sensation, non plus que la complète analogie qui existe entre la sensation et cette même sensation reproduite par une cause subjective. Où sont les différences ? D’abord, l’escorte des sensations concomitantes n’est pas la même. Ensuite, la sensation effective est plus vive et plus colorée. Enfin, celle-ci s’impose avec sa forme et son éclat ; l’autre est élastique, susceptible de transformations volontaires. Je puis me représenter mon ami debout, assis ou couché, vêtu de noir ou de blanc, un livre ou une canne à la main. S’il était devant moi, je ne pourrais le voir que comme il serait. Il faut excepter le cas de l’hallucination.

L’imagination, « cette brillante faculté », est la logique des images, comme la perception est la logique des sensations, et la conception celle des signes ; et, de même que nous avons vu la sensation et la perception nécessairement accompagnées d’un élément moteur, de