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est élaboré par la logique des signes. C’est par là que l’intelligence peut, en quelque sorte, devenir autonome.

Des trois éléments du triple procès, c’est l’impulsion motrice qui domine dans la volonté. Les formes variées d’excitation affective ou intelligente sont des préludes à l’action. Elles sont obscures ou manifestes : à côté du sentiment de l’excitation, il y a le sentiment de l’opération. Ce dernier est apparent dans les mouvements des membres et du tronc, il l’est moins déjà dans les mouvements de l’œil, et moins encore dans ceux de l’attention et de la compréhension. C’est parce qu’on méconnaît cette distinction qu’on ne discerne pas les sentiments d’impulsion dans les actes intellectuels, et que des penseurs se montrent partisans de l’intellectus ipse à priori et indépendant.

L’élément visible dans la volition est la réflexion, c’est-à-dire la décharge de l’excitation sensible en une impulsion motrice. Il est même digne de remarque que ce terme a été choisi pour à la fois désigner des phénomènes physiques et le plus élevé des phénomènes intellectuels. L’impulsion motrice arrête aussi bien qu’elle excite le mouvement. Toutes les impulsions qui déterminent l’action sont personnifiées dans le terme de volition. L’action réflexe et la volonté sont les deux degrés, l’un le plus simple, l’autre le plus compliqué des impulsions motrices. La volonté est à la réflexivité ce que l’intuition est à la sensation.

Bien que je puisse adopter cette définition et cette comparaison, le lecteur sait que je regarde, au contraire, l’action réflexe comme la tin, comme le dernier terme de l’organisation. Ce qui ne m’empêche pas d’admettre, avec Lewes, que, dans les mouvements réflexes, il y a une prévision inconsciente du but à atteindre.

Si je retire ma main d’un corps brûlant, l’acte est réflexe, parce qu’il a sa source dans l’idiopathie. Mais, si je la retire parce qu’on me crie que je vais me brûler, l’acte est sympathique, La plupart des actes dits spontanés n’ont d’autre source que la sympathie. C’est l’idiopathie qui explique les changements de l’esprit à différentes époques et l’exagération ou la dépression de certaines fonctions dans les maladies mentales. On peut être séparément conscius sui et compos sui. La folie peut se manifester dans la sphère affective, ou intellectuelle, ou impulsive. Mais si, à certains égards, ces trois sphères sont indépendantes, on ne doit pas non plus oublier leur mutuelle et nécessaire interdépendance.

Le dernier chapitre, intitulé Hypothèses de localisation, reproduit, sous une forme systématique, bon nombre d’idées qui ont déjà été