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cette fécondité en montrant comment la métaphysique arrive à sa conclusion « la plus élevée ». Voici le raisonnement qui y conduit :

« Pour que quelque phénomène soit possible, il faut qu’il y ait une cause capable de le réaliser.

« Tout ce qui n’est pas contradictoire est possible.

« Donc il existe une cause capable de réaliser, tout ce qui n’est pas contradictoire. »

« Dire qu’il existe une cause capable de réaliser tout ce qui n’est pas irrationnel, ajoute M. Desdouits, c’est dire qu’il existe une puissance infinie dont la raison est la seule loi. Si donc l’existence de Dieu se démontre par la seule comparaison de deux axiomes, peut-on trouver rien de plus fécond que cette méthode ? »

Mais la métaphysique est plus féconde encore qu’on ne l’imaginerait ; chaque axiome considéré séparément est une affirmation implicite de l’existence de Dieu. C’est bien simple en effet.

La formule du principe de contradiction « Le contradictoire est impossible, est synonyme de cette autre proposition : « La possibilité des choses est subordonnée a la possibilité de la pensée, » ce qui implique que toute possibilité dépend d’une intelligence. De même l’axiome « Toute qualité suppose un sujet », nous donne, par exemple : « Le bien absolu, la perfection, l’infinité supposent un être absolument bon, parfait, infini. » J’en passe et des meilleurs.

La métaphysique pourrait parfaitement se contenter de la certitude géométrique qu’elle possède ; elle peut se passer, des sciences expérimentales qui ont besoin d’elle ; mais ces sciences mêmes viennent confirmer les résultats qu’elle atteint. L’existence d’un premier moteur est démontrée par les sciences expérimentales, grâce à l’expérience de M. Plateau, qui montre qu’une goutte d’huile introduite dans un mélange d’alcool et d’eau se met à tourner sur elle-même et à reproduire en petit la formation de la terre et des planètes, selon la théorie de Laplace, à condition que l’on imprime à la goutte, au. moyen, d’un axe vertical, un mouvement de rotation sur elle-même.

Ainsi aucun genre de certitude ne manque à la métaphysique ; quant aux autres caractères de la science, elle les possède naturellement au plus haut degré.

Cette métaphysique spiritualiste est irréfutable d’après M. Desdouits, et il ajoute en note « Nous ne craignons pas que cette assertion soit taxée de témérité ; car, s’il y a des philosophes qui repoussent la métaphysique spiritualiste, il n’y en a plus qui essayent de la réfuter. À défaut de réfutation on lui oppose l’ironie et le dédain, mais on ne songe même pas à lui opposer des arguments. » Les ouvrages de Stuart Mill, de Spencer, de Taine sont-ils donc si vieux, et faut-il recommencer tous les jours les réfutations de la veille ? Quel argument nouveau s’est produit en faveur des doctrines métaphysiques ? J’en ai cherché en vain dans le livre de M. Desdouits quelques preuve, quelque