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ANALYSESth. desdouits. — La Métaphysique.

rait refuser de reconnaître comme évidents les jugements suivants, qui rait refuser de reconnaître comme évidents les jugements suivants, qui sont le fond même du sens commun et que toutes les sciences admettent ou sous-entendent.

1o Axiome de contradiction (Une même chose ne peut à la fois être et ne pas être).

2o Axiome de possibilité (Tout ce qui n’est pas contradictoire dans les termes pourrait ou aurait pu être).

3o Axiomes de substance (Il n’y a pas d’attributs sans être ni d’être sans attributs).

4o Axiomes de causalité (Tout phénomène dépend d’une cause sans laquelle il ne peut se produire.)

5o Axiome de finalité (L’accord d’un grand nombre de moyens et leur concours vers un seul et même but supposent une cause intelligente qui a voulu atteindre ce but).

6o Affirmation de l’infini (Il existe quelque être infini, éternel et nécessaire).

Si l’on examine ces axiomes on s’aperçoit facilement ou qu’ils peuvent s’interpréter d’une manière positive et qu’ils se présentent à nous comme des généralisations expérimentales et des abstractions, ou bien qu’ils ne s’imposent nullement à nous. M. Desdouits, il est vrai, entreprend d’établir le contraire mais ses arguments, qui n’ont rien de bien nouveau, n’ont rien non plus de bien satisfaisant. Nous lisons par exemple que la physiologie ne peut dans bien des cas expliquer les rapports des faits que par le principe de finalité. « Lorsqu’elle évite d’énoncer ce principe en toutes lettres, par crainte de la métaphysique ; elle est obligée, du moins de parler d’appropriation, d’instincts préservatifs, de mécanisme en apparence intentionnel. C’est avouer à la fois et les causes finales et le désir qu’on aurait de pouvoir s’en passer. » Ce n’est faire ni l’un ni l’autre ; c’est constater un fait et ne pas recourir pour l’expliquer à une cause hypothétique, et ce fait qu’on constate est une simple relation de phénomènes. Si l’on veut aller au delà, peut-être n’est-il pas impossible de trouver mieux que l’explication par une intelligence. Les travaux de Darwin, de Spencer, de Maudsley, montrent comment on peut non seulement se passer de la finalité, mais même la remplacer avantageusement.

M. Desdouits d’ailleurs ne nie pas que ces axiomes ne doivent être dégagés de l’expérience. C’est l’analyse qui nous fait découvrir toute l’étendue de notre raison et nous fait convenir des vérités latentes impliquées dans tous nos jugements. On ne peut nier que cette méthode ne soit bonne et qu’elle ne nous conduise à des lois générales de la connaissance humaines mais je l’entends ; d’une autre manière que M. Desdouits, et je me demande en vain pourquoi nous attribuerions à ces lois une valeur absolue.

Avec ses axiomes et ses définitions, la métaphysique va construire des théorèmes, selon la méthode géométrique que M. Desdouits, n’hésite pas à regarder « comme possible et comme féconde ». Et il prouve