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dernes ; il correspond plutôt aux éléments de ce que l’on appelle aujourd’hui la théorie des nombres, tandis que la presque totalité de l’enseignement actuel ordinaire de l’arithmétique représente la logistique ancienne.

De même, la métrétique, c’est-à-dire l’ensemble des applications de la science à la détermination des surfaces et des volumes, a toujours fait, dans l’antiquité, l’objet d’un enseignement parfaitement distinct de celui de la géométrie. Sur ce dernier point, nous avons à peu près conservé les mêmes errements, parce que l’œuvre d’Euclide est restée jusqu’à présent le type consacré pour les livres destinés à l’enseignement classique de la science de l’étendue. La métrétique ancienne est donc représentée de nos jours par les notions du système métrique, enseignées dans l’arithmétique ordinaire, et celles d’arpentage et métrage, qui font partie de l’instruction primaire, ainsi que par les exercices numériques auxquels on s’attache dans l’enseignement secondaire.

Il ne nous reste malheureusement aucun ouvrage de logistique ancienne ; aussi ne peut-on que former des hypothèses sur les méthodes suivies, pour l’enseigner, au temps de Platon. Toutefois, pour ces hypothèses, nous trouvons une base solide dans les écrits de l’antiquité qui, au contraire, nous sont parvenus relativement à la métrétique.

Ces écrits, auquel est attaché le nom de Héron d’Alexandrie, sont, en général, des compilations, faites sous l’empire romain, d’un grand ouvrage, aujourd’hui perdu, qu’avait composé, au premier siècle avant notre ère, ce célèbre mécanicien, le dernier génie original qu’ait produit l’antiquité pour les mathématiques. Ils ne renferment, à part des définitions et des données métrologiques indispensables, que des probtèmes numériques, avec le développement des calculs nécessaires pour comprendre le procédé de solution, mais sans explications théoriques ; ils sont d’ailleurs rédigés suivant un type tout spécial, essentiellement différent des modèles euclidiens.

Or, si nous n’avons pas de traité de logistique grecque, nous en avons un de logistique égyptienne, dans le papyrus de Rhind, récemment publié, traduit et commenté par M. Eisenlohr[1] ; nous y trouvons de même une série d’exercices numériques graduée, sans démonstrations, exercices dont la pratique répétée était suffisante pour donner l’acquis nécessaire et permettre d’exécuter les mêmes

  1. Voir notre article sur Thalès de Milet, dans la Revue philosophique de mars 1880, p. 307.