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h. spencer. — des formes et des forces politiques.

sitions aux citoyens assemblés ceux-ci exprimaient leur approbation ou leur désapprobation enfin les chefs de clan, formant le sénat, encore que leurs discussions ne fussent pas publiques, avaient assez de pouvoir par leur union pour annuler à l’occasion la décision prise par le roi et les citoyens. Chez les Germains primitifs, dit Tacite, « les chefs discutent entre eux les petites questions, et tous les hommes s’occupent des grandes. Mais les affaires où la décision finale appartient au peuple sont d’abord traitées par les chefs… la multitude s’assemble en armes dans l’ordre qu’elle trouve bon ; les prêtres réclament le silence, et ils ont même le droit de l’imposer. Ensuite le roi ou chef prend la parole, et selon son âge, sa naissance, la gloire militaire qu’il s’est acquise ou son éloquence, il se fait écouter bien plus parce qu’il sait persuader que parce qu’il a le droit de commander. Si son avis déplaît, la foule le rejette par ses murmures ; s’il plaît, les auditeurs l’approuvent en choquant leurs tramées. » De même chez les Scandinaves ; en Islande, par exemple, où il y avait non seulement un Althing général annuel « auquel un homme libre devait à son honneur d’assister », et autour duquel « les gens de toutes les classes venaient dresser leurs tentes, » mais encore des assemblées locales appelées Varthing « auxquelles tous les hommes libres du district assistaient avec leur suite… tant pour la discussion des affaires publiques que pour l’administration de la justice. Quand il s’agissait de justice, les juges se tenaient au milieu, et le peuple rangé en cercle les entourait. » La description que Freeman nous fait des assemblées annuelles des cantons suisses d’Uri et d’Appenzell nous apprend que cette forme politique primitive existe encore. En effet, bien qu’il indique surtout la présence de l’ensemble du peuple, il fait mention pour Uri du corps des magistrats ou chefs choisis qui forment le second élément, comme du magistrat suprême qui forme le premier. Le passage suivant que nous empruntons à Freeman (Growth of the English Constitution) nous fournit une preuve indirecte que le Wittenagemot était constitué d’une manière analogue. « Nul témoignage ancien, dit Freeman, ne nous renseigne d’une manière claire et formelle sur la constitution de ce corps. On dit généralement en termes vagues que c’était une réunion de sages, de nobles, de grands. Mais, à côté de passages comme ceux-ci, d’autres donnent à penser que ce corps était constitué d’une manière plus populaire. Le roi Eadward, est-il dit, fut choisi par tout le peuple. L’Earl Godwine parla devant le roi et tout le peuple du pays. » Cette citation fait supposer que le rôle du peuple dans l’assemblée consistait à exprimer par des murmures son approbation ou sa désapprobation.