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orchidées avec des insectes. Il croyait d’une manière générale que les plantes étaient protégées par divers moyens contre la visite des insectes, et il pensait, dans ce cas particulier, quêtes fleurs des orchidées en question, ayant l’aspect d’une fleur déjà occupée par un insecte, étaient ainsi préservées de la visite d’autres amateurs de nectar.

La Zoonomie, « Zoonomia, or the laws of organic life », fut le principal ouvrage scientifique d’Erasme Darwin. L’idée fondamentale de l’ouvrage paraît être qu’il y a dans les plantes et les animaux une force vitale douée de sensibilité, qui est capable de s’adapter par spontanéité aux circonstances présentées par le monde extérieur.

Les facultés innées sont ainsi rendues inutiles ; les phénomènes qui paraissent les impliquer ; Darwin les explique par des efforts répétés des muscles sous la direction des sensations et des excitations. Il n’est pas merveilleux par exemple que l’animal naisse avec la faculté d’avaler, car le fœtus apprend à boire les eaux de l’amnios ; l’animal n’a ensuite qu’à apprendre à manger des corps solides. Les impulsions imitatives jouent un grand rôle dans les nouvelles acquisitions de l’animal. Darwin attribue cette faculté d’imitation même aux plus petites parties du corps (nous dirions aux cellules) et explique ainsi les maladies simultanées des composés vivants de ces parties.

E. Darwin a très soigneusement étudié l’expression des émotions, à laquelle il donne aussi dans une certaine mesure l’imitation pour cause ; il tira surtout ses lois des premières impressions des créatures nouvellement nées. Le tremblement de la crainte peut être rapporté au frisson de froid du nouveau-né, et les pleurs à la première irritation des glandes lacrymales par l’air froid aussi bien que par des odeurs agréables ou désagréables. Le sourire, comme expression des sentiments agréables, est rapporté au plaisir causé à l’enfant par la première nourriture qu’il puise au sein maternel. « Dans l’action de téter, dit-il, les lèvres de l’enfant sont serrées et enferment le bout de la mamelle de la mère, jusqu’à ce que son estomac soit rempli et qu’arrive le plaisir occasionné par l’excitation d’une nourriture agréable. Alors le sphincter de la bouche, fatigué par l’action continuelle de téter, se relâche, et les muscles antagonistes de la face, agissant doucement, produisent le sourire du plaisir, comme n’ont pu s’empêcher de le remarquer tous ceux qui ont été familiers avec des enfants. De là vient que le sourire, pendant notre vie, est associé aux plaisirs doux. »

Les instincts des animaux ont pour cause l’imitation, ainsi que des expériences graduelles Toutefois Darwin accepte sans, hésitation l’hérédité des particularités corporelles et des facultés mentales acquises. « L’ingénieux Dr Hartley, dit-il, dans son livre sur l’homme, et quelques autres philosophes ont été de l’opinion que notre partie immortelle acquiert durant cette vie certaines, habitudes d’action de sentiment qui deviennent pour jamais indissolubles, persistant après la mort dans un état futur d’existence. Il ajoute que ces habitudes, si elles sont mauvaises, doivent rendre leur possesseur misérable même