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h. lachelier. — l’enseignement de la philosophie

il y a deux sociétés philosophiques, l’une sous la direction d’un privat-docent, l’autre absolument libre.

Avant d’aborder l’enseignement de la philosophie proprement dite, nous avons à répondre à une question préliminaire, celle de l’ordre des parties de la philosophie.

III Classification des sciences philosophiques. La classification des sciences qui composent la philosophie, n’a pas la même importance dans l’enseignement des universités allemandes que dans celui de nos lycées. Chacune des parties de la philosophie occupe en effet un cours entier d’un semestre, et forme par conséquent une sorte de tout se suffisant à lui-même. La question de l’ordre à suivre n’a pas d’intérêt pratique, et la plupart des professeurs s’en préoccupent fort peu. Il est assez indifférent qu’un étudiant, qui a huit ou dix semestres devant lui, débute par un cours de Logique ou par un cours de Psychologie. Chacune de ces deux sciences est à peu près également utile à l’autre et peut, dans tous les cas, être étudiée séparément. Il ne faut donc pas s’attendre à trouver dans l’enseignement de la philosophie, un ordre adopté ; on peut seulement se demander, à cause de l’importance qui s’attache en France à la division de la philosophie, comment cette division est entendue théoriquement par quelques-uns des principaux professeurs allemands. C’est ce que nous allons faire.

Les différentes écoles s’accordent assez à mettre la Logique au début de l’étude de la philosophie. La science des autres sciences a pour premier devoir de se demander comment nous connaissons d’une manière générale. On se sépare seulement sur l’importance qu’il convient de donner à cette science. Les professeurs qui considèrent seulement la Logique au point de vue formel, en font une sorte de « Propédeutique philosophique, » faisant suite à l’introduction à la philosophie. Rien n’est plus fréquent en Allemagne que ce sujet de cours : « Introduction à la philosophie et Logique. » Pour les Hégéliens et les partisans de l’identité de la Pensée et de l’Être, la Logique prend une importance considérable : c’est tout à la fois une Métaphysique et une Théorie de la connaissance. Les écoles plus modernes, celles que nous avons appelées néo-kantienne et scientifique, se contentent d’unir la Théorie de la connaissance à la Logique formelle la Logique expliquant le mécanisme par lequel la pensée forme les concepts qui dominent les sciences ; la Théorie de la connaissance examinant l’origine, la genèse et la nature de toute connaissance en général.

Après avoir déterminé comment nous connaissons, la philosophie peut se tourner vers la nature extérieure dont elle recherche les lois